La base d'Avord inaugure sa nouvelle piste : « Un moment historique »

Entre février et novembre dernier la base d'Avord a du réaliser un véritable tour de force : mener de front les travaux de modernisation de la piste tout en continuant à assurer ses missions. L'objectif a été atteint :  « Ça a été la performance des aviateurs de la base aérienne d'Avord », confirme le colonel Olivier Kaladjian, commandant de la base. Pour y parvenir les Awacs ont été délocalisés à l'aéroport de Châteauroux. Les travaux terminés, les avions radar de l'armée de l'air ont pu rentrer à la maison il y a quelques jours : « Nous avons été extrêmement bien accueillis par l'Indre et Châteauroux, mais nous sommes heureux de les voir rentrer au bercail, avec les avions et les équipages », acquiesce le colonel.

Une piste de base aérienne c'est 50 ans... Ça faisait 57 ans, il était temps de remoderniser cette piste.

La nouvelle piste de la base 702 et ses 3 500 mètres de longueur ont été inaugurée le vendredi 26 novembre. Pour l'occasion le général Jerôme Bellanger, commandant des forces aériennes stratégiques, a fait le déplacement pour couper le ruban accompagné, notamment, du commandant de la base d'Istres mais aussi des élus locaux.

Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait pas eu de travaux d'importance sur la piste, les derniers datant de 1963-1964 : « Une piste de base aérienne c'est 50 ans... Ça faisait 57 ans, il était temps de remoderniser cette piste », explique le colonel. Il voit cette inauguration comme « un moment historique » pour la base : « Parce que, non seulement c'est une réfection de la piste et des aires aéronautiques, mais c'est surtout l'extension des capacités avec demain l'accueil de l'A330-MRTT Phénix. »

Avion sur les radars !

L'A330-MRTT Phénix est un gros avion polyvalent. Il permet le ravitaillement en vol, le transport de fret mais aussi de passagers. Selon le colonel Kaladjian, il « révolutionne » et « décuple » les capacités de l'armée de l'air : « Être capable de déployer trois Rafales à l'autre bout de la terre en moins de 48h c'est une capacité absolument exceptionnelle ! [...] Il va vraiment changer la façon dont on aborde aujourd'hui les opérations », se réjouit le colonel. Le MRTT a déjà fait ses preuves sur le terrain « C'est cet avion qui a permis de rendre possible l'opération Apagan cet été, l'évacuation des ressortissants français et étrangers depuis Kaboul, en Afghanistan. »

Être capable de déployer trois Rafales à l'autre bout de la terre en moins de 48h c'est une capacité absolument exceptionnelle !

Avord va donc entrer dans un cercle fermé et rejoindre Istres (Bouches-du-Rhône) et Évreux (Eure), les deux seules bases aériennes à pouvoir accueillir l'A330 MRTT Phénix à ce jour. Mais il va falloir patienter, car il y a encore des travaux au programme : « À partir de janvier nous aurons le parking pour le MRTT, donc nous serons capables de l'accueillir. En marge de ce parking, nous continuerons à travailler sur la zone d'alerte qui permettra d'accueillir les équipages et les techniciens du MRTT. Cette zone d'alerte sera finie aux alentours de l'année 2023. »

La base 702 sera en capacité d'accueillir jusqu'à 4 A330-MRTT Phénix. Coût global de tous ces travaux : 110 millions d'euros dont 75 millions iront à des entreprises de la région Centre-Val de Loire.

Pour aller plus loin : un peu d'histoire

La présence militaire dans la zone commence en 1872, « avec la création d'un camp de manœuvre pour l'armée de terre sur trois communes : Farges-en-Septaine, Avord et Savigny-en-Septaine » raconte Jacky Ruter, ancien de la base 702 et désormais délégué au patrimoine sur le site. Il faut attendre 40 ans pour qu'Avord prenne sa vocation aérienne et que les premiers avions décollent : « À partir des années 1910 avec l'aviation naissante, les gens intéressés dans le Cher, décident de demander la création d'une école d'aviation militaire. La fameuse commission du colonel Hirschauer vient en 1910 et décide que cette surface très plane, herbeuse, calcaire et perméable permet de pratiquer l'aviation. ». Les premiers avions décollerons en 1912 d'Avord, dans des conditions beaucoup plus champêtres qu'aujourd'hui ! On connaît la suite.