France
Cnews, C8, Europe 1… Plusieurs médias sont scrutés de près par le public et, en ce qui concerne C8, l'ARCOM a fait le choix de ne pas renouveler l'attribution de la fréquence. En cause notamment, leur appartenance commune au groupe Bolloré. La concentration est accusée de mettre à mal l’objectivité des médias et de piétiner la pluralité, des conclusions qui ne sont pas partagées par Francis Balle, ex-membre du CSA et professeur émérite de sciences politiques à l’université Panthéon-Assas.
En novembre 2023 a été créée une commission parlementaire visant à enquêter sur les chaînes de télévision de la TNT, et en particulier sur les chaînes détenues par le groupe Vivendi, Vincent Bolloré est un actionnaire majoritaire. Au centre des débats, la question de la concentration. Les instigateurs de la commission d’enquête craignaient que le milliardaire français impose une ligne éditoriale très à droite, au mépris de la pluralité médiatique. Pour autant Francis Balle, ancien membre du CSA, ancêtre de l’actuel ARCOM, et professeur émérite de sciences politiques à l’université Panthéon-Assas, ne se montre pas complètement à la concentration dans les médias.
Francis Balle estime que la concentration autour de Vincent Bolloré de médias français pose une question pour le pluralisme de l’information. “Vincent Bolloré a un jeu médiatico-politique, ne nous faisons pas d’illusion.” Pour le professeur émérite “le pluralisme, c’est la concurrence”. En devenant un magnat de la presse, Vincent Bolloré pose donc un problème de traitement de l’information. “ Quand il y a une véritable concurrence, chacun essaie d’avoir des parts de marché avec sa propre identité”. Une stratégie plus nécessaire si une majorité de médias sont détenus par un seul homme.
Vincent Bolloré a un jeu médiatico-politique, ne nous faisons pas d’illusion.
Francis Balle, s’il en avait encore eu la possibilité, ne se serait en revanche pas prononcé pour la disparition de C8. Cet été, l’ARCOM a fait le choix de ne pas renouveler l’attribution de la fréquence TNT à la chaîne, sonnant ainsi le glas de la huitième fréquence telle qu’on la connaît. “Je ne peux pas plaider pour la disparition d’une chaîne qui a conquis son auditoire”. Si la chaîne n’était pas “un modèle de vertu”, elle assurait tout de même un service unique que l’on ne retrouvait pas sur les autres, un service qui “aurait mérité de plus être sanctionnée” selon Francis Balle. De plus, pour l’universitaire, il s’agit aussi de défendre des champions européens face à des médias plus puissants venus d'outre-atlantique.
Netflix, Amazon, Universal, Disney…Les GAFAM et autres géants américains se sont lancés dans la distribution de contenus de divertissement ou informationnels en Amérique du Nord, mais aussi en Europe. Pour Francis Balle, cela fait de nous “une colonie”. Il s’agit d’un état de fait qui, pour lui, était évitable. “Il aurait fallu au départ se concentrer, au nom de la concurrence, et donc par conséquent de l'intérêt des usagers.” Par la concentration il y aurait une place pour la France dans la concurrence mondiale pour la diffusion et la production de contenus.“Moi, je préfère avoir trois ou quatre grands champions qui sont puissants, chacun, qu'une multitude de canards boiteux. “
Moi, je préfère avoir trois ou quatre grands champions qui sont puissants, chacun, qu'une multitude de canards boiteux.
Pour l’ex-membre du CSA, la concentration des médias français afin de “véritablement muscler et fortifier” est d’autant plus urgente que les médias traditionnels ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pour Francis Balle les médias traditionnels tels que les grandes chaînes de télévision “déclinent en faveur des outils en ligne”. Les électeurs n’utilisent pas les médias les plus anciens pour faire leur choix, mais ils préfèrent “les mass-médias et donc les relations interpersonnelles”. L’économie des médias semble être menacée par un désintérêt du public. Une fatalité plus qu'évitable pour Francis Balle, à la condition seulement d'éviter les "erreurs de jugement".
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