La Coupe du monde de football s’ouvrira au Qatar dans deux mois. Un événement sportif majeur loin de faire l’unanimité, déjà qualifié de "Coupe du monde de la honte" et que certains appellent à boycotter. Sur le plan écologique le bilan est déjà très lourd. Sur le plan humain aussi. Au moins 6500 ouvriers sont morts sur les chantiers. Des violations des droits humains sur lesquels alerte Amnesty International. Son président en France, Jean-Claude Samouiller, était l'invité de la matinale RCF.
C'est la première fois qu'un Mondial de football se tient au Moyen-Orient et la première fois aux mois de novembre et décembre. Mais ce qui est censé être le grand rendez-vous sportif de l'année fait déjà couler beaucoup d'encre. Des ONG dénoncent des violations des droits humains, en pointant les conditions indignes de travail des ouvriers et la mort de 6500 d'entre eux sur les chantiers.
"Cela fait 12 ans que nous documentons, nous Amnesty International, sur ces violations. Ce sont des vols de salaires, certains payés en retard, d’autres pour moitié. [...] Ce sont des heures de travail excessives. Ils vivent par des chaleurs de 40 à 50 degrés", détaille Jean-Claude Samouiller, le président d'Amnesty International France. Des conditions de travail permises par un "système d'impunité généralisé" selon lui. "Le Qatar a un droit du travail et une évolution législative en 2018 avec l’instauration d’un salaire minimum, l'instauration d'un accès à la justice. Toute la question c’est que ces réformes ne sont pas appliquées sur le terrain", regrette Jean-Claud Samouiller.
Selon le journal britannique The Guardian, plus de 6500 ouvriers sont morts sur les chantiers. "Les corps sont rapatriés au familles qui doivent payer le rapatriement avec la simple mention 'mort de mort naturelle'. Donc on peut parler de Coupe du monde de la honte", affirme le président d'Amnesty International France.
Malgré ce constat, l'ONG n'appelle pas au boycott, contrairement à certaines personnalités. Une stratégie bien réfléchie : "Nous préférons profiter de ces événements fortement médiatisés pour mettre un coup de projecteur sur l’arrière boutique". Jean-Claude Samouiller respecte toutefois ceux qui font le choix du boycott. L'ancien footballeur Eric Cantona et l'acteur Vincent Lindon ont par exemple pris cette décision. "Cela peut avoir un poids important sur l’opinion publique, estime le président de l'ONG. Elle est sensible à ce qu’il se passe au Qatar."
Il respecte aussi ceux qui regarderont les matches du Mondial : "Chacun est libre de faire ce qu’il veut, l’important c’est qu’il y ait une prise de conscience et que ça débouche sur des conséquences concrètes". Mais Jean-Claude Samouiller craint, une fois les projecteurs éteints, que "la situation revienne au point de départ".
Amnesty International a demandé à la FIFA, organisatrice du Mondial, de créer un fonds de 440 millions de dollars pour indemniser les familles des victimes et payer les salaires non versés aux ouvriers. Elle a simplement répondu qu'elle prenait acte de la demande.
Enfin, "nous aurions aimé une déclaration très précise de la Fédération française de football qui dénonce les violations des droits humains et qui soit vigilante aux entreprises qu’elle va utiliser sur place", affirme Jean-Claude Samouiller, qui regrette également l'absence de prise de position des joueurs français.
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