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La crise du bio gagne du terrain à Lyon

Un article rédigé par Charlotte Mongibeaux - RCF Lyon, le 7 février 2024 - Modifié le 14 février 2024

Ils sont de moins en moins présents sur les étals des grandes et des moyennes surfaces : les produits bio, avec leur label vert et blanc siglé « AB » ont perdu en part de marché. Boudés par les consommateurs à cause de l’inflation, ils n’occupent plus une place de choix. Dans les magasins bio, la clientèle fidèle s’accroche, mais ce n’est pas toujours suffisant. Une dizaine de magasins bio dans la région de Lyon ont dû tirer le rideau en 2023. Quelles sont les répercussions de cette crise du bio sur la filière à Lyon et dans le Rhône ?

image d'illustration (terres agricoles) - Dan Meyers via Unsplashimage d'illustration (terres agricoles) - Dan Meyers via Unsplash

En janvier 2024, c’était au tour d’un magasin l’Eau Vive dans le centre de Lyon (3e) de fermer ses portes pour des raisons économiques. Une fermeture loin d’être une exception puisque la métropole de Lyon a perdu plus d’une dizaine d'enseigne bio : un magasin Naturalia sur la Presqu’île de Lyon, ou encore une Biocoop dans le 6e arrondissement. La liste ne cesse de s’allonger, et pas seulement à Lyon. Deux enseignes ont fermé l'an dernier à Roanne.

Une dynamique nationale : en France, 200 magasins bio n’ont pas passé l’année 2023.

L'inflation, principal responsable de la crise du bio

La perte du pouvoir d’achat des Français, combinée à l’augmentation des charges des magasins, l’électricité et les salaires, ont créé un mélange explosif qui met en difficulté financière un certain nombre d’enseignes bio. Les magasins spécialisés en bio (MSB) qui avaient alors surfé sur la vague du bio en 2018, 2019 ou 2020, n’ont pas toujours eu le temps de consolider leur clientèle. Aujourd’hui, ces MSB sont confrontés à une conjoncture défavorable. Un déséquilibre entre l’offre et la demande, surtout dans les grandes villes.

Cette analyse est partagée par Christophe Sailly, gérant de la Biocoop de Villefranche-sur-Saône depuis plus de douze ans. Même si son magasin n’est pas prêt de fermer, il a vu les habitudes de ses clients changer avec un premier constat : le panier moyen des clients fidèles est moins garni. Par exemple, « sur une tablette de chocolat, plutôt que de prendre une tablette avec des noisettes, on va prendre une tablette de chocolat simple ».

La crise du bio s’est répandue dans toute la distribution et n’épargne pas les grandes et moyennes surfaces. Là-bas, les produits bio qui s'étaient imposés ces dernières années se font de plus en plus rare. Les marques conventionnelles qui s’étaient mises au bio ont souvent fait machine arrière. Résultat : en 2023, le volume de produit bio dans les supermarchés a baissé de 8 % en un an.

Rajoutez à cela la multiplication des labels sur le local, ou encore les logos "zéro résidus de pesticides" : cela créerait de la « confusion » pour les consommateurs selon Christophe Sailly, au détriment de produits bio un peu plus cher.

Une filière bio qui se détricote

Justement, du côté des agriculteurs, le département du Rhône est un territoire plutôt dynamique en France sur le volet du bio : mais les installations et les conversions, donc le nombre de nouveaux agriculteurs en bio, augmentent moins vite cette année. On observe un recul du nombre de nouvelles exploitations en bio de l'ordre de 30 % sur un an, et cela concerne en particulier les producteurs laitiers.

Avec ses cinquante vaches laitières, Christophe Gonin est producteur à Amplepuis, dans les Monts du Beaujolais. Il s’est lui converti au bio en 2019. Aujourd'hui, il ne rentre pas dans ses frais en vendant son lait à 47 centimes le litre, soit presque le prix du conventionnel alors qu’il lui faudrait 60 centimes par litre pour atteindre ses coûts de production.

À partir de 2016, ces producteurs ont été incités par les laiteries, les distributeurs et l'État aussi à se convertir en bio. Aujourd’hui, ils se prennent la crise de plein fouet. Trop de production de lait bio et une chute des prix. Certains agriculteurs sont même tentés par la "déconversion", c'est à dire le retour vers le secteur conventionnel. Un phénomène qui existe, depuis la fin de la crise covid, qui reste difficile à mesurer mais qui serait toujours à la marge dans le Rhône. « Si nos producteurs [bio] disparaissent, on aura énormément de mal à reconstruire tout cet écosystème », alerte Christophe Sailly.

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