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La France en alerte "urgence attentat" après l’attaque au couteau d’Arras

Un article rédigé par Michel Picard - RCF, le 13 octobre 2023 - Modifié le 4 décembre 2023

Suite à la mort d'un professeur de français, Dominique Bernard, ce vendredi 13 octobre, tué dans une attaque au couteau dans l'enceinte de son lycée, la France est passée en alerte "urgence attentat". Emmanuel Macron a évoqué une "tentative d'attentat" déjouée dans une autre région. Les habitants d'Arras, eux, expriment leur désarroi et leur colère face à cet acte terroriste.

Devant le lycée Gambetta d'ArrasDevant le lycée Gambetta d'Arras

Emmanuel Macron appelle à "ne pas céder à la terreur"

Suite à l'attentat au couteau ayant provoqué la mort de Dominique Bernard, professeur de français au lycée Gambetta à Arras, Emmanuel Macron s’est rendu sur place, accompagné des ministres de l’intérieur Gérald Darmanin et de l’éducation Gabriel Attal.
Le chef de l’Etat a dénoncé « la barbarie du terrorisme islamiste », appelant à « ne pas céder à la terreur ».


L’évêque d’Arras, Monseigneur Leborgne, a rapidement fait part de sa profonde compassion, condamnant avec la plus grande fermeté cette attaque terroriste. Il a également rappelé que "la violence ne peut jamais se réclamer de Dieu."

Invitant à prier pour les victimes, le prélat invite les chrétiens à s’engager avec toutes les personnes de bonne volonté, pour la justice et la paix.


Lire aussi : Attentat d'Arras : L'évêque, Monseigneur Leborgne, réagit


Ce qu'il s'est passé ce vendredi 13 octobre à Arras

Un professeur a été tué dans une attaque au couteau dans l’enceinte d'un lycée. Plusieurs autres personnes ont été blessées.
L’assaillant, un ancien élève, a été interpellé mais refuse de s’exprimer.

Il était aux alentours de 11 heures ce matin quand un ancien élève âgé de 20 ans est entré dans le lycée Gambetta-Carnot, muni de deux couteaux.
Il a brandi ses armes avant d’être ralenti par des adultes qui se sont interposés. Le cuisinier, et un professeur de sport ont été grièvement blessés. Dominique Bernard, professeur de français âgé de 57 ans a lui, succombé à ses blessures.

La police est intervenue moins de 5 minutes après un appel au secours.
Des élèves sont restés confinés une bonne partie de la journée. Tout comme dans les autres établissements de la ville.

Vigipirate réhaussé au niveau maximal

L’assaillant fiché S pour radicalisation, refuse de s’exprimer. Il était suivi par les services de renseignements. Il était sur écoute et avait fait l’objet d’un contrôle jeudi 12 octobre. Aucune infraction n’avait été relevée.

Un cellule d’écoute a été mise en place et l’onde de choc est palpable à Arras. En témoignent les visages hagards d’élèves ou de parents dans l’incompréhension totale. De nombreux riverains sont encore ce soir aux abords du périmètre de sécurité mis en place par des forces de l’ordre déployées en très grand nombre.

Une enquête a été ouverte par le parquet national antiterroriste.
L’alerte "urgence attentat" est le niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate. Il invite chacun à la vigilance.

Depuis Arras, le président de la République a par ailleurs évoqué une "tentative d’attentat" déjouée dans une autre région sans donner davantage de précision.

Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, lui aussi enseignant, le corps professoral est de nouveau plongé dans le désarroi.

Arras en état de choc après l'attaque terroriste

Professeur de philosophie dans l’établissement, Martin Doussau, a lui aussi tenté de s’interposer face au terroriste. Puis il s’est mis à l’abri et n’a réalisé l’ampleur du drame qu’au moment de sortir.

Dans la ruelle face au lycée, il s’est prêté à l’exercice de l’interview en restant pour témoigner. Disponible pour les dizaines de journalistes présents, il répète son incompréhension. Il a fait face au terroriste, a été poursuivi avant de se mettre en sécurité.
"Je garde l’image d’un collègue dans une marre de sang, et des collègues en sang après lui avoir porté secours. On porte le deuil d’un collège" explique-t-il.

Puis de souhaiter que l’établissement reprenne sa marche normale dès lundi. « Et qu’on puisse faire un travail de compréhension avec les élèves pour cicatriser un peu tout ça. On ne peut pas vivre dans la peur tout le temps. »

Et Martin Doussau de conclure : « je m’efforce de croire en chaque homme. Cet ancien élève qui a tué un collègue aujourd’hui et blessé d’autres, je le regarde comme un être humain. Comme quelqu’un qui est doué de raison, qui a les mêmes aptitudes que moi. La raison est parfois obscurcie chez les hommes mais elle n’est pas inexistante. La raison, c’est apprendre à vivre ensemble. »

Aux abords du lycée, Grégoire Rémy, est venu redire que ce professeur de français décédé était « vraiment quelqu’un de sympa. »

Et cette maman qui vient, ravie, de retrouver son fils. « Quand j’ai reçu le SMS de l’école, vers midi et demi, j’avais envie de pleurer. »

Ou cet élève de terminal qui confie avoir vu l’assaillant au moment de sortir du lycée pour déjeuner, sans réaliser qui il était. « J’ai la rage, j’aurai pu aller l’arrêter, me battre. »

Quant à Céline, venue chercher sa fille, elle n’en revient pas. « Pourquoi ici, pourquoi dans ce lycée tranquille ? »

Des questions qui risquent de rester longtemps sans réponse.

 

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