La France et les chrétiens d'Orient, pourquoi un lien si fort ?

Ce dimanche 14 mais, c’était la journée internationale des chrétiens d’Orient, organisée par l’association L’Œuvre d'Orient. À l’issue de sa messe annuelle, célébrée à l’église Saint-Sulpice à Paris, dans le rite assyro-chaldéen, l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse a remis le 12e prix littéraire de l’Œuvre d’Orient. Il a été décerné à Joachim Bouflet pour son livre "Mariam, une sainte arabe pour le monde" (éd. Cerf, 2022).

Des communautés perçues comme menacées

Ils sont syriaques, coptes, maronites, grec-melkites, gréco-catholiques, éthiopiens, chaldéens, arméniens ou latins. Si la réalité des Églises chrétiennes au Moyen-Orient est complexe, on parle en France des chrétiens d’Orient. Leur sort suscite un intérêt croissant dans notre pays. "Je pense que l’intérêt pour les chrétiens d’Orient est réel, observe Mgr Pascal Gollnisch, le directeur général de L'Œuvre d'Orient, qu’il a augmenté ces dernières années notamment parce qu’il y a eu des événements extrêmement douloureux au Moyen-Orient."

Ces événements qui ont entraîné des vagues migratoires, nous ont fait percevoir ces communautés comme menacées. "Il y a des gens qui partent à pieds pour venir jusque chez nous, qui partent dans des petits bateaux où malheureusement parfois ils se noient en traversant la Méditerranée", rappelle Mgr Gollnisch. Cependant, le directeur de L'Œuvre d'Orient précise que si "actes de persécution" il y a, ceux-ci "ne sont pas du tout permanents ni généralisés".

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Les chrétiens d’Orient et la France, une relation historique

Si aujourd'hui en France, on est très attentifs aux chrétiens d’Orient, c’est aussi parce que nous sommes les héritiers d’une longue histoire, qui remonte à la IIIe République, et même à saint Louis. Cet héritage se mesure aujourd’hui "notamment à travers une grande francophonie". "Dans le Proche-Orient il y a 400.000 élèves qui sont dans des établissements francophones, qui sont généralement dans des écoles chrétiennes", souligne Mgr Gollnisch. Un fonds en faveur des écoles des chrétiens d’Orient a d’ailleurs été lancé en janvier 2020 par Emmanuel Macron pour soutenir la francophonie au Proche-Orient. "La culture française est très connue chez ces chrétiens d’Orient et inversement nous avons encore en France de grands spécialistes des chrétiens d’Orient." Il existe d’ailleurs un Institut chrétiens d'Orient (ICO), créé en juin 2020, avec le soutien de L’Œuvre d'Orient.

La seule force des chrétiens d’Orient ce n’est plus l’armée, ce n’est plus les finances, ce n’est plus la politique, c’est la mise en œuvre de l’Évangile

Des chrétiens engagés dans la santé et l'éducation

Soutenir les chrétiens d’Orient c’est favoriser des acteurs essentiels dans les sociétés du Moyen-Orient, où les chrétiens "exercent une mission dans l’éducation et dans la santé", rappelle Mgr Pascal Gollnish. "Les chrétiens ont changé le regard du Moyen-Orient sur les personnes handicapées qui étaient perçues comme une honte familiale", raconte le directeur de L’Œuvre d'Orient. 

Les chrétiens d’Orient "ont des œuvres considérables". C’est même de là qu’ils tirent leur crédibilité, dans des sociétés majoritairement musulmanes. "Ce qui rend les chrétiens crédibles en Orient, c’est leurs œuvres qu’ils exercent au nom de l’Évangile. La seule force des chrétiens d’Orient ce n’est plus l’armée, ce n’est plus les finances, ce n’est plus la politique, c’est la mise en œuvre de l’Évangile."