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La ligue de protection des oiseaux manque de bras et de moyens pour s'occuper de la faune sauvage

Un article rédigé par Adrien Beaujean - RCF Alsace, le 28 juin 2022 - Modifié le 28 juin 2022
Les Trois Questions · RCF AlsaceLa ligue de protection des oiseaux lance un appel au soutien en Alsace

La Ligue de protection des oiseaux d'Alsace lance un appel. Son centre de sauvegarde pour la petite faune sauvage situé à Rosenwiller (Bas-Rhin) manque de bras et de moyens. La canicule a accéléré l'afflux de petites bêtes à soigner. On en parle avec Cathy Zell, chargée de mission auprès de la LPO dans la région.

Cathy Zell, chargée de mission pour la LPO. (©Adrien Beaujean)Cathy Zell, chargée de mission pour la LPO. (©Adrien Beaujean)

RCF Alsace: On est à la fin du mois de juin 2022: comment se porte le centre de la petite faune sauvage, de quoi a-t-il besoin pour mieux fonctionner?


Cathy Zell: Alors c'est vrai qu'on a toujours eu beaucoup d'animaux, on en a même de plus en plus année après année. On a commencé en 2010 avec 500 animaux en soins: aujourd’hui, on en a 5000, donc ça n'a pas cessé de progresser. Ce qui change cette année, c'est qu'il y a eu une période de canicule très précoce et donc on a eu un afflux d'animaux, de jeunes animaux beaucoup plus tôt que prévu. Et quand on dit beaucoup plus tôt, c'est que les petits sont beaucoup plus petits qu'avant. C'est à dire que les dernières canicules arrivaient au mois de juillet, voire fin juillet, donc tous ces bébés étaient relativement déjà grands, on va dire des adolescents. Maintenant, ils sont tout petits: de tout petits oiseaux, de tout petits mammifères, et donc ça demande beaucoup plus de moyens de notre part. Beaucoup plus de temps puisque pour donner un biberon ou pour donner à manger à un tout petit oiseau, il faut lui donner toutes les deux heures et pas lui mettre simplement un petit peu de nourriture dans sa gamelle. Donc ça demande à la fois beaucoup de temps, beaucoup de personnes qui le font, et puis de l'argent pour financer toute cette nourriture très spécifique.


RCF Alsace: À l’heure actuelle, il vous manque combien de personnel, et combien de fonds?


Cathy Zell: Question personnel, il nous faut des bénévoles qui s'investissent. Comme ce sont des gestes techniques, souvent, on a des personnes qui ont envie de venir deux heures, ou juste un après-midi. Ça, ce n'est pas possible. Parce que pour donner à manger à un martinet, par exemple, qui ne sait pas ouvrir le bec ou qui ne l'ouvre pas, il faut une certaine technicité et donc on est obligé de former ce personnel, et le constat est clair: c’est difficile de trouver du monde qui est d'accord de le faire. Aujourd’hui, il nous faudrait facilement cinq ou six personnes. Dans le centre, on tourne à peu près à une soixantaine de personnes qui se relaient 7j/7 tout au long de l'année. Et en ce moment, ils commencent à 6 heures et demie du matin et s'arrêtent à 23h30. Et puis, au niveau des moyens, il y a à la fois les besoins en nourriture, mais aussi les frais d'électricité, les frais d'eau, les frais de personnel. On a été obligés d'embaucher des personnes en CDD pour le faire et on n'a aucune visibilité sur le futur: peut-être qu'il y aura une prochaine canicule, peut-être qu'il y aura une tempête et donc on a toujours besoin d'argent pour faire fonctionner ce centre.


RCF Alsace: Est-ce qu'il y a une espèce en particulier qui afflue cette année et qui peut-être vous a posé problème parce que vous ne vous attendiez pas à une telle affluence?


Cathy Zell: Tous les ans, au moment des fortes chaleurs, on a des martinets et des hirondelles, deux espèces qui nichent sous les toits et donc évidemment, quand il fait très chaud, les petits sautent du nid parce qu'il fait justement trop chaud. Et sinon, on a une autre espèce, ça fait deux ans qu'on a énormément de hérissons, et on ne sait pas exactement pourquoi. En fait, on imagine différents facteurs. Alors évidemment, il y a les parents qui meurent par les collisions contre des voitures. Ou encore, étant donné que ce sont des animaux qui bougent beaucoup, ils peuvent se faire emprisonner dans les grillages des particuliers et de leurs jardins. C’est assez méconnu d’ailleurs. On sait aussi qu'il y a une bactérie qui fait une surinfection des plaies puisque c'est une espèce qui se bat au moment du rut. Ou alors autre facteur d’explication: un manque de nourriture. Et ce qu'il y a un problème d'accès aux limaces? C’est un gros prédateurs de limaces. Vous l’aurez compris: une conjonction de facteurs qui fait qu'aujourd’hui, on a énormément de hérissons dans notre centre. Mais cette année, on a également eu beaucoup de petites mésanges.

 

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