Cela suppose de ne pas émettre plus de gaz à effet de serre, CO2 ou méthane que le pays ne peut en absorber, via notamment la captation du carbone de l’atmosphère en vue de son stockage.
A priori, oui. La nature peut nous donner pour cela un coup de main. On peut avoir recours aux puits de carbone naturels que sont les forêts, le sol, les océans. Mais ils ont des limites biophysiques. Un arbre qui grandit stocke naturellement du carbone. Une forêt mature beaucoup moins, car elle cesse de pousser.
Si. On peut gérer la forêt pour qu’elle se renouvelle sans cesse et joue ainsi mieux son rôle de puit de carbone naturel. En matière agricole, on peut par exemple maintenir le plus de prairies permanentes, développer les cultures de légumineuses stockant du carbone, ou encore accroître la méthanisation, qui consiste à récupérer le gaz méthane issu de la décomposition des produits verts, plutôt que les laisser pourrir à l’air libre. Comme l’explique dans La Croix de ce matin Lola Vallejo, directrice du programme climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), d’autres idées mises en avant, comme la fertilisation des océans et le piégeage et stockage du CO2 sont beaucoup plus lointaines et incertaines…
La fertilisation des océans consiste à accélérer les processus biophysiques naturels en y mettant par exemple du fer, ce qui vise à favoriser la photosynthèse du phytoplancton, qui absorbe le CO2. Mais les océans sont déjà très fragilisés par le réchauffement climatique. Cette solution n’aura-t-elle pas des effets inattendus, potentiellement irréversibles ?
Idem pour le stockage du carbone dans des failles géologiques. Il y a des projets pilotes. Mais on en est encore au stade de la démonstration. Ces technologies ne seront disponibles que dans un avenir encore hypothétique, dans 30 à 40 ans. Et pour qu’elles puissent avoir un impact significatif, il en faudrait un déploiement gigantesque. Et comment être sûr qu’on va réussir à stocker le carbone dans des failles géologiques pour une durée très longue sans fuites dans l’atmosphère ? En réalité, toutes ces incertitudes plaident pour que la priorité soit mise à la réduction drastique de nos émissions de gaz à effet de serre. L’idée du gouvernement est de les diviser par six d’ici à 2050.
Cela passe par une action tous azimuths : énergie, transports, bâtiment, industrie et agriculture. En matière énergétique, il va falloir multiplier par quatre le rythme de généralisation de l’efficacité énergétique et par trois la baisse de consommation des énergies fossile.
En matière de transports, qui représentent environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre, cela veut dire passer d’un système de transports basé sur la voiture individuelle à un autre recourant massivement aux transports collectifs : covoiturage, bus, rail. Ou encore se déplacer moins en développant le travail à distance.
Dans le bâtiment, il faut généraliser la rénovation énergétique performante de l’existant, un domaine dans lequel les progrès sont beaucoup trop lents, ou encore décarboner le chauffage, ce qui permettrait de baisser la facture des particuliers. Il y a du pain sur la planche !
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