Pour la première fois en 2019, l’environnement est devenu une question de société majeure aux yeux des Français, au même niveau que l’emploi et avant l’immigration, les impôts ou encore la dette de l’État. Ce souci grandissant se traduit par une meilleure acceptation de mesures environnementales volontaristes, autrefois jugées contraignantes. Mais quelles sont les grandes familles d’idées, les courants qui sont présents derrière ce mot : écologie ? Ancien ministre et essayiste, Luc Ferry s’est livré à un exercice de réflexion pour dresser leurs portraits dans son dernier ouvrage "Les Sept Écologies", publié aux Éditions de l’Observatoire.
Il y a une dizaine de jours de cela, la maire Europe Ecologie les Verts (EELV) de Poitiers Léonore Moncond’huy défrayait la chronique en expliquant que l’aéronautique ne devait plus faire rêver nos enfants. "Il ne s’agit pas de quelque chose d’anecdotique. C’est beaucoup plus profond. Ce qu'il y a derrière c’est l’idéologie de la décroissance. On est dans l’archétype même de ce qu’on peut appeler l’écologie punitive", estime Luc Ferry.
Dans son ouvrage, le philosophe développe l’idée selon laquelle la passion qui anime l’écologie est la peur. "C’est une passion démocratique très puissante. La peur nous permet de découvrir les menaces qui pèsent sur le monde", affirme Luc Ferry, qui observe que la lutte en faveur de l’environnement n’appartient plus seulement qu’à la gauche mais aussi à la droite.
En France, Luc Ferry distingue deux courants aux fondements de l’écologie. "Vous aviez des fondamentalistes pour la décroissance et des réformistes qui voulaient mettre en place le développement durable", explique-t-il. "Celui qui m’intéresse est le courant éco-moderniste", précise Luc Ferry, prenant exemple sur la proposition d’une économie circulaire et d’intensifier l’urbanisme dans certains endroits afin que le reste de la planète redevienne presque sauvage.
Dans son livre, Luc Ferry parle aussi des "produits crétins", comme les produits cosmétiques dans lesquels sont ajoutés des multitudes d’ingrédients pour corriger les mauvais. "Il faut qu’on conçoive tous les produits industriels pour pouvoir désassembler tout mais aussi qu’on arrête de mettre des ingrédients qui ne sont pas recyclables", poursuit-il.
"L’éco-modernisme s’inscrit dans le capitalisme et propose une écologie rentable mais qui permet un développement infini dans un monde fini", conclut-il.
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