JavaScript is required

La prostitution de mineurs en France : le documentaire tourné en Alsace

Un article rédigé par Eva Sztupecki - RCF Alsace, le 14 mars 2024 - Modifié le 9 avril 2024
Les Trois Questions · RCF AlsaceLa prostitution de mineurs en France : le documentaire tourné en Alsace

Ce 13 mars 2024, sort sur France Télévision le documentaire de Benjamin Montel Comme si j’étais morte. Un film documentaire pour lequel ce réalisateur est resté plus d’un an dans un foyer d’aide sociale à l’enfance (ASE) dans le Haut-Rhin afin de mettre en lumière un problème plus présent qu’on ne le croit : la prostitution de mineurs.
Rencontre avec Benjamin Montel.

© StockSnap via Pixabay© StockSnap via Pixabay

Pourquoi avez vous décidé de traiter de ce sujet de la prostitution de mineurs ?

Benjamin Montel :  Il y a eu un certain nombre de films, de sujets de reportage, d'enquête qui ont été faites sur la question des enfants placés. Mais on n'avait jamais fait le lien entre la prostitution des mineurs et l'aide sociale à l'enfance, alors même que 70 à 80 % des prostituées mineures sont connues des services de l'ASE. Je voulais, à travers une immersion dans un foyer difficile, mettre en avant ce phénomène massif, tenter de le comprendre et tenter de le décrypter.

Ce documentaire se passe dans un foyer en Alsace. Comment avez-vous connu cet endroit ? 

Benjamin Montel : C'est très difficile d'obtenir des accès dans les foyers de l'aide sociale à l'enfance. Quand on a eu différents accès, on a très vite fait des rencontres de grande qualité. Par ailleurs, ça incarnait tout notre sujet parce qu'il y avait dans ce foyer un certain nombre de jeunes mineurs qui étaient en situation de prostitution, avec des éducateurs engagés, mais seul, à bout de force. On trouvait que ça illustrait parfaitement ce qu'on voulait démontrer dans ce documentaire.

Comment avez vous réussi à vous immerger dans le quotidien de ce foyer? Est-ce que ça a été difficile pour ces jeunes de se livrer?

Benjamin Montel : Ça a été très difficile pour ces jeunes de se livrer. On a d'abord commencé par s'immerger sans caméra, puis, au fur et à mesure, on a commencé à tourner dans l'exercice de l'immersion. C'est le temps qui permet d'arriver à créer des liens de confiance avec les gens, avec les personnages, surtout avec des populations en difficulté, parfois brisées, comme celle des jeunes de l'aide sociale à l'enfance. Il faut du temps pour comprendre leurs problématiques. Et pour être juste dans notre analyse et dans notre compréhension de ce qu'on a sous les yeux, il faut comprendre que les mineurs victimes de prostitution ont systématiquement vécu avant l'entrée en prostitution, des violences sexuelles, physiques, de l'inceste, des viols. 100 % des jeunes mineurs en situation de prostitution en France ont connu avant des violences sexuelles. Il y a donc là un mécanisme implacable de mineurs extrêmement fragiles qui sont des proies privilégiées, des proxénètes, des réseaux, parce que c'est des gamines qui sont brisées. Il suffit qu'on leur dise je t'aime, il suffit qu'on leur dise t'es belle pour qu'elles puissent après, pour cet homme là, entrer dans des circuits prostitutionnels.

Qu'est ce que vous y avez vécu là bas en faisant ce film ? Qu'est-ce que vous y avez appris vous-même sur ce sujet ?

Benjamin Montel : Je suis venu dans ce foyer avec l'idée de tirer à boulets rouges sur l'aide sociale à l'enfance. Et en fait, j'ai compris que c'était un problème qui était beaucoup plus compliqué, qui mettait en jeu la police, l'hôpital, l'éducation et la violence intrafamiliale avant même le placement. J'ai compris à travers cette immersion que c'était un problème extrêmement complexe avec un nombre de facteurs infinis. Et il faut regarder ce film. Il faut avoir le courage d'accepter que ces situations existent, accepter que ces jeunes ne sont pas coupables, mais bien victimes d'un système terrible.

 


Découvrez d'autres sujets dans Les Trois questions RCF Alsace sur notre site internet ! Ou venez découvrir notre site qui regroupe toutes nos émissions et podcasts sur notre site RCF Alsace ! 


 

© 3QA Alsace
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Les Trois Questions · RCF Alsace
© 3QA Alsace
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.