JavaScript is required
Partager

La relation à l'autre, besoin vital et premier des personnes de la rue

Un article rédigé par Constantin Gaschignard - RCF, le 12 juin 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
L'Invité de la MatinaleThierry des Lauriers : "Pourquoi priver le pauvre de la joie de donner ?"

Quand une personne souffre du froid et de la faim, chercher à nourrir sa vie intérieure peut paraître dérisoire. Pourtant, la vie spirituelle n'est pas un luxe réservé à ceux qui ne manquent d'aucun bien matériel. Au contraire, le pauvre a aussi faim de Dieu et soif de lien humain !

Thierry des Lauriers est directeur général de l'association "Aux captifs, la libération", qui vient en aide aux personnes vivant dans la rueThierry des Lauriers est directeur général de l'association "Aux captifs, la libération", qui vient en aide aux personnes vivant dans la rue

De quoi ont besoin, en priorité, les personnes vivant dans la rue ? De couvertures, se dit-on, de vêtements. De denrées alimentaires. "De relations", martèle plutôt Thierry des Lauriers, sans l'ombre d'une hésitation. Le directeur depuis 2010 de l'association "Aux captifs, la libération" en est convaincu : l'écoute et le manque de considération sont la première source de souffrance des personnes auxquelles il vient en aide. "Quand on fait des tournées, on n'a rien à apporter, même pas de café. Le premier message qu'on dit, c'est 'on vient pour toi, pour te rencontrer puisque tu mérites d'être rencontré', raconte-t-il. Cette rencontre a lieu fidèlement toutes les semaines, c'est un apprivoisement progressif qui nous permet de témoigner de la tendresse de Dieu pour chacune de ces personnes". Ces maraudes régulières sont au cœur de l'association, implantée dans plusieurs paroisses parisiennes et qui envisage de s'étendre en province.

 

Besoin d'être écouté

 

Rencontrer les mains vides ceux qui manquent de tout est une démarche assumée. Au premier abord étrange, aussi. Même Thierry des Lauriers avait du mal au début. "Les premières fois que je tournais sans rien, je me sentais particulièrement bête, souligne le directeur général de "Au captifs, la libération". Mais peu à peu, on s'aperçoit que cette posture permet de rentrer dans un échange". Et d'illustrer son propos par un souvenir tout frais. "L'autre jour, j'étais avec Abdoulaye, qui me racontait tous ses malheurs. Je me demandais où allait cette conversation qui s'apparentait à un cahier de doléances. Au bout d'une vingtaine de minutes, je lui dis qu'on va devoir s'arrêter. Il me dit : ‘Oh merci, merci pour le temps que vous avez passé avec moi'". C'est que le sans-abri, au fond, demandait surtout d'être restauré dans sa dignité. "Il avait surtout besoin d'être écouté, et que sa plainte soit entendue", croit Thierry des Lauriers.

 

Auprès des personnes victimes de prostitution

 

Les personnes victimes de prostitution ont été dès l'origine une préoccupation majeure du père Patrick Giros, fondateur de l'association en 1981. Un public en détresse qui suscite souvent l'appréhension, hélas. "La prostitution, ça touche au sexe, au corps de façon très crue, donc ça fait peur aux gens d'aller vers ces personnes", estime Thierry des Lauriers. On les résume trop souvent à leur condition de prostitué, alors que ces hommes et femmes sont d'abord des personnes avec des familles, des soucis, une beauté". Un rappel bienvenu.

 

 

Si Jésus-Christ nous a dit qu'il a plus de joie à donner qu'à recevoir, pourquoi priver le pauvre de la joie de donner?

 


Pas avare en anecdotes, l'ancien consultant plonge à nouveau dans les entrailles de sa mémoire. C'est une journée aux températures étouffantes. "Une après-midi au bois de Boulogne, il faisait très chaud, on avait soif, et une personne prostituée, Amanda, voit qu'on a soif et va chercher deux bouteilles d'eau au fond de son camion pour nous les donner. Elle était tellement heureuse de nous les offrir… se rappelle-t-il ému. On était aussi très heureux de pouvoir boire un coup !", ne manque-t-il pas d'ajouter, un sourire en coin. "Notre ancien aumônier nous disait : ‘Si Jésus-Christ nous a dit qu'il a plus de joie à donner qu'à recevoir, pourquoi priver le pauvre de la joie de donner?' Eh bien voilà, quand on vient sans rien, il y a des jours où il se trouve qu'on reçoit."

 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.