Depuis le 24 février 2022, et le début de l'invasion russe en Ukraine, la guerre s’enlise, la population en fait les frais. C'est ce qu’ont pu constater les équipes de l’Oeuvre d’Orient. Alors que l’armée russe poursuit son offensive, la population pleure ses disparus, soigne ses blessés et tente de survivre entre deux retentissements de sirène. Mgr Pascal Gollnisch, le directeur de l’Oeuvre d’Orient est allé sur le terrain à la rencontre des ukrainiens et des communautés gréco-catholiques de ce pays. Si la population veut garder la face, la réalité est plus sombre.
“Les zones qui n'ont pas été sous occupation russe, en tout cas pas durablement, sont relativement intactes", explique le directeur de l'œuvre d’orient.. "On a presque l'impression d'une vie normale, mais, ajoute t’il, c’est à l'honneur des Ukrainiens qui n'ont pas voulu baisser les bras. Ils sont nombreux à être restés en Ukraine. Ils mènent courageusement une vie qui semble normale." Cependant, avoue t il, "la guerre vous éclate au visage, lorsque vous rencontrez une famille endeuillée, une femme en noir, les larmes aux yeux, qui vous explique que son mari, son frère, son père sont morts au combat. Il y a aussi les blessés dans les hôpitaux militaires. Là vous voyez des jeunes de 22, 23, 24 ans qui n'ont plus de jambes, plus de bras. C'est un peu la guerre de 14-18. C'est une terrible boucherie cette agression russe! Enfin le quotidien est rythmé par les sirènes qui disent rendez-vous dans les abris, il y a des missiles qui vont arriver.. La guerre vous saute à chaque instant au visage.”
Mgr Gollnisch a pu s’approcher à environ 40km de la ligne de front. Une zone désertée par la population et dévastée par les bombardements. Face à ces paysages apocalyptiques, le peuple ukrainien fait preuve de résistance et de résilience. Au cours de son périple en Ukraine, Mgr Pascal Gollnisch a entendu cette phrase à plusieurs reprises :
Si nous cessons de nous battre, nous cesserons d'exister
Le directeur de l’Oeuvre d’Orient reconnaît que la fatigue est bien là après deux ans d’une guerre que les ukrainiens n’ont pas voulu. "C'est vraiment une guerre d'agression. Et évidemment, les Ukrainiens sont épuisés.” Parmi les visages qui ont le plus bouleversé le directeur de l’Oeuvre d’Orient en parcourant l’Ukraine, c’est celui de ces femmes qui malgré l’absence de perspective s’accrochent à la vie. “Elles doivent s'occuper de plusieurs enfants. Et elles sont seules ! confie Mgr Gollnisch. "Soit parce que les hommes sont à la guerre, soit parce qu'ils sont morts au combat, soit parce qu'ils ont été estropiés.
"Le courage de ces femmes ukrainiennes, debout, qui s'accrochent à la vie, est exemplaire. La vie de ces familles tient par les femmes. C'est extrêmement beau, extrêmement fort de constater cela.
L’Oeuvre d’Orient aide les prêtres, leurs familles et les actions qu’ils déploient auprès de la population ukrainienne: acheminement de colis alimentaires, accueil de personnes déplacées ou encore construction d'abris dans les écoles pour permettre aux enfants d’être scolarisés. Malgré la guerre qui sévit depuis deux ans, de jeunes prêtres ont tenu à rester pour continuer leur mission.. “Ce sont souvent des prêtres mariés.” explique Mgr Gollnisch. "Dans les églises catholiques orientales, les prêtres peuvent être mariés. Ce sont des prêtres dynamiques et courageux. Mais là aussi, il faut les aider parce qu'ils n'ont plus de ressources eux-mêmes. Il faut quand même qu'ils fassent vivre leur famille. Et donc là, il y a un enjeu important.”
Deux ans après le début de la guerre, l'horizon reste sombre, le conflit s’éternise mais le peuple ukrainien fait preuve d’une unité exemplaire. "Ce qui m'a frappé", confie Mgr Gollnisch, "c'est le sentiment de communion de ce peuple ukrainien, l'entraide en cas de difficulté, le désir de résilience, le désir d'être un peuple uni. Une agression comme celle là, cela contribue à l'union de la population. Et là, ça se voit, ça se perçoit, ça se sent.”
Le cardinal Mattéo Zuppi, l’envoyé spécial du pape François pour la paix en Ukraine doit rencontrer prochainement Emmanuel Macron. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une mission menée depuis juin 2023 par le cardinal. Son but: “soutenir les initiatives humanitaires et la recherche de voies pouvant mener à une paix juste”.
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