Le monde aura changé, dit-on à l’envi, après cette grave crise sanitaire. N’est-ce pas se rassurer facilement. Demain ne deviendra plus humain que si nous acceptons de l’être davantage. Contraints de vivre un confinement, nous sommes restés longtemps sourds et aveugles à des signes avant-coureurs ; le désordre, comme toujours, a fini par éclater. Une nouvelle fois, les hommes sont arrêtés dans leur course folle. L’histoire ne se répète pas, certes, mais les évènements que nous vivons sont-ils si différents de ceux qui ont été enregistrés au temps de Noé ? Notre monde s’est installé dans une forme de tranquillité, comme le rappelait la Genèse. Où est-il l’homo sapiens, « augmenté » comme il se pense. Le premier changement, c’est d’en découdre avec la suffisance. L’humilité, mère de la générosité et de l’équité, est la condition première pour que la terre soit habitable. Le confinement, comme vient de le rappeler le Président de la République met en évidence de façon très aigüe les graves iniquités que vivent les populations. Le comble de l’injustice est que les plus vulnérables, les invisibles, sont sans protection pour n’avoir pas de toit.
Une des urgences du changement est de vivre des réconciliations en bâtissant des liens avec ceux qui n’en ont plus. Les soignants, que notre Société avait oubliés malgré leurs alertes, sont montés au front. Leur détermination et leur dévouement seront vecteurs des changements que nous voulons voir apparaître dans les jours de « l’après-crise ». Changer, c’est prendre soin. Habitat et Humanisme met à l’abri 506 personnes sur 5 sites à Paris et à Lyon. J’ose demander à ceux qui le peuvent un soutien pour le prix de ces nuitées. Nous recevons une aide de l’Etat, mais chaque personne hébergée coûte à l’association 10 €/jour (soit 5 000 €/jour), il nous faut aussi ajouter les dépenses relatives à l’hygiène, outre des missions nécessaires pour aider ces personnes à trouver enfin un statut. Il en va de leur respect. Si vous voulez nous aider, allez sur notre site habitat-humanisme.org Nous accueillons des personnes qu’on ne voyait pas. Exemple, des asiatiques qui travaillaient dans des restaurants, aujourd’hui fermés, logés dans des sous-pentes. Ils se retrouvent sans droit et sans toit !
Puis-je vous partager mon inquiétude : si d’aventure, dès les premiers matins du dé-confinement, nous devions remettre des personnes à la rue, notamment des femmes et des enfants, alors cet acte barbare soulignerait tragiquement que rien n’a changé. Les heures pascales que nous vivons sont celles d’un déplacement ; il nous faut sur ce point très précis, sans attendre, refuser que l’inacceptable ne revoie pas le jour. Trouvons des solutions. A ceux qui acceptent de participer, je vous partage mon mail b.devert@habitat-humanisme.org
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