La technologie laser pour prévenir le cancer de la peau

Adrien Beaujean : Aujourd'hui, en 2022, en terme de technologie laser par rapport aux problèmes de peau des français, où est ce qu'on se situe ?

Hans-Joachim Laubach : Les expositions au Soleil ont fait quand même de gros dégâts. Et ça commencé dans les années 70, 80. À cette époque, on n'avait pas encore préconisé la bonne utilisation des protections solaires, et ça a eu une influence sur les baby boomers, qui ont aujourd’hui 70 ou 80 ans, et qui ont des dégâts marqués sur le visage et sur tout le corps par le Soleil.
Et avec ces traitements modernes, ce qu’on fait et qui est intéressant, c’est qu’on peut recadrer la montre, on peut carrément rajeunir la peau. Et ça, c'est maintenant les dernières nouvelles : il y a six mois , une étude est sortie à Indianapolis aux Etats-Unis, une étude qui montre clairement non seulement qu'on peut rajeunir la peau, mais qu’on peut aussi avec ce rajeunissement, prévenir des cancers de la peau.

A.B. : Docteur Laubach, vous êtes également spécialiste de la réjuvénation laser : ça rentre tout à fait de ce cadre, et cet objectif de rajeunir la peau ?

H.-J. L. : Exactement, grâce aux photons créés par les lasers. Nous, on utilise ces photons dans les cabinets dermatologiques, de façon à détruire une partie de la peau, en laissant 90% de la peau non lésée. Ça veut dire cette partie détruite, c'est microscopique, vous avez donc des lésions de 0,1 millimètre, ce qui correspond au diamètre d’un poil. Et ces lésions  vont permettre à la peau de se régénérer et se se réveiller. Il y a des fibroblastes endormis qui sont réveillés par ces traitements et qui recommencent à sécréter, pas seulement le collagène pour rajeunir la peau, mais aussi les autres molécules clés pour réparer l'ADN des cellules autour. Vous avez donc cette prévention, pas seulement du vieillissement mais aussi des cancers de la peau. Une vraie régénération de l'ADN qui était cassé avant, et qui redevient plus normal après des séances laser, et ce qui est fascinant c’est que ça tient même trois ans après une seule séance. Pour le moment, les patients sont conscients qu’il faut mettre de la crème solaire au moins une fois par jour quand il y a le Soleil, le matin par exemple, pour se protéger, et surtout d’être vigilant entre 10h et 16h. Mais cette nouvelle technique n’est pas encore assez connue, et il faudrait un peu plus en parler, notamment sur ce rajeunissement qui peut prévenir les cancers de la peau.

A.B. : Étant donné que c’est encore relativement méconnu, la première question que quelqu'un qui s'intéresse à ce sujet puisse se poser pourrait être “est-ce que c’est dangereux ? est-ce qu’il y a des risques ?” Qu’est-ce que vous leur diriez pour les rassurer ?

H.-J. L. : Bien sûr, tous les actes médicaux, il y a des effets secondaires. C'est normal que si on stimule la peau, elle soit un peu rouge et peut être un peu gonflée pendant quelques jours. Ça, c'est un peu les effets secondaires attendus. Après, il y a des effets secondaires inattendus, ce qui veut dire concrètement que si vous faites un traitement en plein été, ça risque de stimuler encore plus la peau. Il faut donc faire de la pédagogie, bien expliquer comment tout fonctionne aux patients. Et ça, c’est vraiment le plus important : c’est cet accompagnement des patients autour de cet acte, cette volonté de réduire au maximum les risques, des risques qui sont toujours présents lorsqu’il y a un acte médical.