A l'issue du Conseil des ministres mercredi 22 janvier, François Bayrou avait annoncé son intention de scinder le texte de loi concernant la fin de vie en deux, avec d'un côté les soins palliatif, et de l'autre l'aide à mourir, ou suicide assisté. La scission du texte suscite la controverse de nombreuses personnes. Ce matin, Louis Daufresne et Pierre-Hugues Dubois accueillent Claire Fourcade, médecin en soins palliatifs à Narbonne.
Le gouvernement a confirmé mardi 22 janvier que le projet de loi sur l’euthanasie et les soins palliatifs ne serait pas abandonné, mais pourrait être scindé en deux parties : la première traiterait des soins palliatifs (mesures visant à endiguer les conséquences des problèmes médicaux, en ne se préoccupant plus de leur causes) et l'autre de l'euthanasie. Si le premier des sujets fait l’unanimité, ce n’est pas le cas du deuxième, bien plus remis en cause.
Claire Fourcade, médecin en soins palliatifs à Nanterre et présidente de la Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs, accueille positivement cette annonce. Invitée de la matinale de RCF et Radio Notre-Dame, elle rappelle le consensus à l'Assemblée sur la question des soins palliatifs, là où la question de l’euthanasie divise. "Le fait d’avoir accouplé le texte des soins palliatifs à un sujet clivant freine le développement. ça fait deux ans qu'on me dit qu'il faut avancer, et rien n'avance.", souligne-t-elle.
Yaël Braun-Pivet a réagi à cette proposition de François Bayrou en précisant qu'il n'y avait pas besoin d'une loi pour les soins palliatifs, mais plutôt de mesures réglementaires. "Ok, pas de problème pour nous, on n'a pas besoin de loi sur les soins palliatifs, mais avançons.", répond la présidente de la Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs.
Selon elle, le texte de loi sur l’euthanasie a été ajouté au texte pour les soins palliatifs dans l’intention de susciter plus d’approbation sur les deux propositions en même temps. Mais la tentative a été un échec, qui s’est soldé par une attente de deux ans.
Ce dont on a besoin ce n’est pas d’une loi mais de moyens.
Les soignants, selon Claire Fourcade, ne sont pas opposés aux demandes de fin de vie, mais ils sont d'abord là pour écouter et accompagner les patients dans leur souffrance.
On n'arrive pas à supprimer toute souffrance mais je crois que la vie sans souffrance ça n'existe pas. Par contre on arrive à accompagner.
En France, il y a 630 000 décès annuels. Seulement 100 personnes partent chaque année en Belgique pour se faire euthanasier. Le personnel soignant défend que l’euthanasie n’est pas le seul remède pour les personnes qui souffre. "La fin de vie c'est complexe, on a besoin d'entendre toutes les nuances. Le débat n’est pas binaire, on a pu faire entendre quand même un petit peu cette complexité.", souligne Claire Fourcade.
Une loi qui autoriserait l’euthanasie ferait émerger une nouvelle logique, dangereuse pour les médecins qui souhaitent protéger les plus fragiles. Claire Fourcade rappelle à ce propos que la demande est bien plus rare que l’on ne veut le faire croire. "Par contre, ce qu'on voit dans les pays qui ont légalisé, c'est une croissance très importante du nombre de demandes." précise-t-elle, au micro de Louis Daufresne et Pierre-Hugues Dubois.
La vraie demande qu'on a tous les jours, c'est la demande de vivre le plus longtemps possible, dans les meilleures conditions possibles.
Pour Claire Fourcade, la situation est pourtant en pleine évolution. En 2023, des discussions avaient été entamées concernant la loi de la fin de vie. Cette année, la remise en question du texte était attendue depuis longtemps. "J'ai quand même l'impression qu'il y a des choses qui bougent. J'ai l'impression que quand on prend le temps de parler avec les gens, ça permet au moins de se poser la question."
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