Tandis que place Vendôme à Paris, le président de la République saluait le mémoire de Robert Badinter, dans le même temps, à Cognin, élus, amis et anonymes se rassemblaient devant la maison occupée par sa famille durant l’occupation nazie.
Sur le perron de la maison Badinter, Franck Morat, actuel maire de la commune accompagné de Jean Fressoz, maire honoraire. Tour à tour, ils racontent : l’adolescence de Robert Badinter, ses allers et retours à bicyclette jusqu’au lycée Vaugelas, sa valise toujours à portée de main pour fuir une éventuelle rafle de la Gestapo, le manque de son père et le silence complice de cognerauds qui lui sauva la vie.
“Un moment d’humanité, sur fond de tragédie, tel est le jugement porté par Robert Badinter sur son séjour à Cognin” a rappelé Jean Fressoz. De ses années passées dans la bourgade savoyarde, l’homme de justice a également gardé le souvenir des cueillettes de cerises, dans le jardin de sa maison. Des instants hors du temps, qui ont de nouveau pris vie, ce 14 février lorsque la chanson d’Yves Montand a résonné dans la cour de la demeure, faisant monter les larmes des uns, chanter les autres.
Parmi la foule, des anonymes comme Chantal et Madeleine. Impossible pour les deux femmes de ne pas assister à ce dernier hommage. “D’autant que j’ai habité cette maison durant quelques années” se souvient Madeleine. “C’est vraiment quelqu’un qui me guide… De ne pas baisser les bras, c’est ce qu'il m'enseigne, de ne pas baisser les bras” termine-t-elle tandis qu’à ses côtés, son amie se souvient d’un “grand homme qui a marqué la France”.
Mireille Bertho a également fait le déplacement à Cognin. Aujourd’hui présidente de l’antenne chambérienne de la Ligue des droits de l'Homme, elle garde intact le souvenir de ce 9 octobre 1981 où les mots de Robert Badinter conduisait à l’abolition de la peine capitale. “Notre pays rentrait enfin parmi les nations dignes de l’humanité qui avaient aboli cette peine horrible, abominable”. Mais elle se souvient également du prix à payer pour cette avancée. “Il a été beaucoup insulté, menacé, vilipendé, ce fut un rude combat”.
Robert Badinter, homme de justice devenu homme de loi, mais à jamais enfant meurtri par l’occupation nazie qui lui arracha son père dans une rue de Lyon. “Il est évident que le parcours de beaucoup d’entre nous a été le sien, c'est-à-dire être caché pendant la guerre, perdre une partie de sa famille” confie Albert Fachler, président de la Communauté Juive de Savoie. “Il a promu la justice et pas la vengeance. Il a très bien traité du problème du pardon, non pas de l’oubli, mais du pardon”.
Les œuvres et les combats de sa vie, seront une nouvelle fois salués, le 10 avril, lorsque la route de Lyon, à Cognin, deviendra la route Robert Badinter.
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