Et si Marine Le Pen était élue ? Le scénario inquiète les protestants. Sans donner de consigne de vote, la Fédération protestante de France (FPF) dresse la liste de ce qui serait "entravé" par une victoire du Rassemblement national : liberté religieuse et respect de la laïcité, mais aussi solidarité, écologie, accueil des exilés... Un engagement que la FPF assume au nom de l'Évangile et de son rôle de "vigie de la République".
La Fédération protestante de France (FPF) s’implique dans le débat avant le second tour de la présidentielle. Avant le premier tour, elle avait publié une 'adresse' sans donner de consigne de vote. Cette fois, la FPF n'appelle pas à voter pour Emmanuel Macron, mais elle a publié le 17 avril dernier - dimanche de Pâques - un communiqué dans lequel elle dresse la liste de ses 'engagements' qui pourraient être 'entravés en cas de victoire du Rassemblement National'.
Elle liste ainsi : 'La parole en faveur de la liberté religieuse, les actions pour l’accueil des exilés, des étrangers, les œuvres auprès des plus vulnérables, le plaidoyer sur les questions climatiques, et de façon plus générale le projet de promotion de la fraternité et de lutte contre les inégalités dans une société qui a besoin de se rassembler'. La FPF attire aussi l'attention des citoyens sur les dangers de l’abstention.
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'Que signifie la conception de Marine Le Pen concernant la laïcité lorsqu’elle propose d’interdire le voile ou en tout cas de faire en sorte que la société soit neutralisée religieusement ? Et en l’occurrence ici, pour effacer du paysage religieux tout ce qui pourrait ressembler à l’islam...' Sur RCF, le pasteur François Clavairoly, le président de la FPF, exprime son inquiétude au sujet du programme de Marine Le Pen.
Il en va selon lui de la survie du triptyque républicain, liberté, égalité, fraternité. 'C’est la question de l’étranger, ajoute-t-il, lorsque l’hospitalité se mue tranquillement en hostilité, que signifie au fond ce refus de l’altérité dans un pays qui est construit précisément par l’accueil de l’altérité ? Comment bâtir une société de fraternité lorsque précisément l’accueil de l’autre, tout ce qui dérange, est tout de suite érigé en ennemi de la nation ?'
'Ce qui me surprend, confie François Clavairoly, c’est cette habituation à ce discours d’exclusion et un peu ricanant sur l’autre différent.' Pour le président de la FPF, il y a 'une habituation à un discours de haine' qui 'ne peut laisser indifférent'. Malgré cette 'habituation', le pasteur veut croire que 'le moment venu, le choix sera celui de l’accueil de l’autre, de la démocratie, et puis de cette fraternité voulue, vécue et bénie'.
Un engagement dans le débat politique que la FPF justifie en rappelant son rôle de 'vigie de la République'. Une expression qu'Emmanuel Macron avait employée en 2017 pour les 500 ans de la Réforme. La FPF veut rester vigilante, attester de sa confiance dans la politique et contester tout ce qui mettrait en cause et trahirait le message de l’Évangile.
'Si la République est laïque, la société ne l’est pas.' François Clavairoly rappelle le rôle fondamental des religions dans le débat de société en France. Une société 'constituée d’hommes et de femmes de chair, d’os et de transcendance'. 'Nul candidat qui prônerait la neutralisation religieuse de la société ne saurait donc être approuvé.'
De leur côté, ce vendredi 15 avril, les responsables musulmans de la grande mosquée de Paris (GMP) et du Rassemblement des musulmans de France (RMF) ont appelé les fidèles à voter pour Emmanuel Macron. Quelques jours auparavant, le mercredi 13 avril, Elie Korchia, le président du Consistoire central israélite de France ainsi que le grand rabbin de France, Haïm Korsia, ont eux aussi appelé à voter pour Emmanuel Macron.
En ce qui concerne l'Église catholique, la Conférence des évêques de France (CEF) ne donne toujours pas de consigne de vote et affirme qu’il n’y a pas de candidat idéal. Ce qui n'empêche pas certains membres du clergé de s'exprimer sur leur choix. Ainsi, ce vendredi 15 avril, l’archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, a indiqué qu’il voterait pour le président sortant. Dans une tribune publiée ce lundi 18 avril dans Le Monde, le Père Christian Delorme lance un appel : 'Que les évêques de France disent qu’aucune voix chrétienne ne doit aller à l’extrême droite le 24 avril !'. Ce même jour, l’intellectuel chrétien Pierre-Louis Choquet, invitait les évêques à 'appeler à faire barrage à Marine Le Pen', dans une tribune publiée par le journal La Croix.
Certains mouvements et associations catholiques n'hésitent pas non plus à faire entendre leur voix. La présidente du Secours catholique a déclaré ce jeudi 21 avril sur RCF : 'Face au danger démocratique et aux conséquences irréversibles que représenterait l’accession de l’extrême-droite au pouvoir, nous appelons à voter contre elle le 24 avril prochain.'
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