Cet accord historique va selon le porte-parole du Saint-Siège permettre aux fidèles chinois d’avoir des évêques en communion avec Rome et reconnus dans le même temps par Pékin. Dorian Malovic, spécialiste de l’Asie à la Croix, revient sur l'essentiel de l'accord au micro de Pauline de Torsiac.
Le pape a donc accepté de lever les excommunications qui pesaient sur sept évêques chinois ordonnés sans l’aval de Rome. Dans le cadre de cet accord, le Vatican en a profité pour créer un nouveau diocèse. Parmi les évêques dont l’excommunication a été levée, figure Mgr Joseph Guo Jincai, le secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Chine, l’organe de l’Église officielle.
Il s’est vu reconnaître par le pape, dans le cadre de cet accord, son diocèse de Chengde, un diocèse créé en 1955 mais qui n’était jusque là reconnu que par les autorités chinoises. Toujours selon cet accord provisoire, les futurs évêques devraient être choisis conjointement par l’Eglise et l’Etat puis proposés pour nomination au pape qui disposera d’un droit de veto.
L'accord a donc été signé samedi dernier à l’issue d’une réunion entre le numéro deux de la diplomatie du vatican Mgr Camilleri et Wang Chao, le vice-ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine. Le porte-parole du Saint Siège, Greg Burke a immédiatement précisé qu’il ne s’agissait pas là de relations diplomatiques. “L’objectif de cet accord n’est pas politique mais pastoral” a-t-il notamment expliqué.
Il s'agit d'une première étape sur le chemin de l’unité de l’Eglise en Chine mais la route reste longue, d’autant que les catholiques clandestins pourraient se sentir un peu en marge de cet accord. Ces catholiques restés fidèles à Rome ne cachent pas leurs inquiétudes et ne voient pas forcément d’un bon oeil ce rapprochement entre le Saint Siège et la Chine.
Il faut dire que ces derniers temps, le parti communiste chinois a plutôt serré la vis sur les religions notamment sur les catholiques et les musulmans. Dans certaines régions, la messe est interdite aux enfants et les autorités demandent aux prêtres la liste de leurs fidèles. Un sentiment d’inquiétude renforcé par le fait que cet accord provisoire ne se prononce pas sur le sort et l’avenir des évêques clandestins.
Parmi les voix critiques de cet accord provisoire entre la Chine et le Vatican sur la nomination des évêques, on retiendra celle du cardinal émérite de Hong-Kong. Sur son blog, Mgr Zen dénonce "un chef-d’œuvre de créativité qui ne dit rien en beaucoup de mots" – principalement parce que tout est "secret". Selon lui, cet accord est une manière de dire aux catholiques chinois qu’ils n’ont qu’à obéir à un gouvernement qui peut désormais "se prévaloir d’avoir l’accord du Vatican".
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