Morte en 1981 à l’âge de 78 ans, Marthe Robin est admirée comme l’une des grandes figures spirituelles du XXe siècle. Elle a apporté de l’aide à des milliers de gens, par son écoute et ses conseils. Elle a inspiré la création des Foyers de Charité avec le père Finet. Elle est connue comme la « stigmatisée de la Drôme » : durant cinquante ans, elle aurait vécu sans aucune alimentation, complètement paralysé au fond de son lit, en souffrant la Passion du Christ chaque vendredi, avec toute une série de phénomènes extraordinaires comme l’apparition de stigmates à ses mains et à ses pieds.
Son procès de béatification a commencé d’être instruit dès la fin des années 80. « Mais son cas n’a jamais cessé non plus d’alimenter le scepticisme » (Frédéric Boyer, La Croix Hebdo, 10 oct. 2020).
C’est dans le cadre de cette enquête canonique que l’Église, par Mgr Marchand, évêque de Valence, et Mgr Bouvier, promoteur de justice de la cause de Marthe, a confié au théologien Conrad de Meester, Carmes déchaux, au début du mois de février 1988, de conduire des investigations à partir des écrits de Marthe soit 4000 pages dactylographiées. Conrad de Meester connaissait bien les grandes figures mystiques féminines du XXè siècle, leur vie et leurs œuvres. Citons Thérèse de Lisieux, Edith Stein, Elisabeth de la Trinité. C’est donc en théologien, en érudit et analyste critique réputé, qu’il a étudié le cas Marthe Robin et remis un rapport circonstancié à Rome en 1989. Conrad de Meester démontre et dénonce une fraude systématiquement organisée par Marthe Robin. Conrad de Meester, jusqu’à sa mort le 6 décembre 2019, va s’employer à essayer de comprendre l’énormité de l’imposture de Marthe Robin, pour que triomphe « l’exigence évangélique de la vérité ».
L’ensemble des recherches scientifiques conduites par Conrad de Meester vient d’être publié sous le titre La fraude mystique de Marthe Robin par les Éditions du Cerf, ce mois d’octobre 2020. En refermant le livre, ce matin, je reste sous le choc de tout ce qui apparaît en filigrane à chaque page, et fait tomber la statue Marthe Robin qu’elle a participé à ériger soigneusement et douloureusement pendant 50 ans ; c’est ce que souligne la dernière phrase longuement étayée par une argumentation très rigoureuse développée sur 358 pages par Conrad de Meester : « C’est pourquoi à mon sens, de la fraude mystique de Marthe Robin, il n’y a rien, à proprement parler, non seulement à vénérer, mais à conserver ».
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