Rhône
Le projet de loi de finances 2025 a été adopté par le Sénat jeudi. Le texte est marqué par plusieurs milliards d’euros de coupes budgétaires. Certaines font déjà l’objet de vives critiques. C’est le cas de la suppression de l'Agence Bio. Sa disparition serait catastrophique selon les acteurs de l'agriculture biologique.
L’Agence Bio est sur la sellette depuis l'adoption de la loi de finance 2025 par le Sénat jeudi. Elle a été fondée en 2001pour soutenir l’agriculture biologique et la promouvoir avec trois missions : un observatoire du marché, la communication et la pédagogie à destination du public et la structuration des filières avec le Fonds Avenir bio, doté de 18 millions d'euros.
Mais aujourd'hui, son avenir est menacé avec un amendement voté le 17 janvier, sans opposition du gouvernement, visant à supprimer ses crédits cette année, soit 2,9 millions d’euros. Dans un contexte de crise budgétaire, cette proposition a été initiée par le sénateur LR de Haute-Loire, Laurent Duplomp à la recherche d'économies budgétaires. "Quand on fait le constat, on voit que nous avons 1300 agences. Donc, mon travail consiste à regarder quelles sont celles qui peuvent être en doublon avec d'autres organismes" explique le parlementaire.
Pour lui, les missions de l’Agence Bio pourraient être confiées à d’autres instances et opérateurs : "Elle fait l'observatoire des marchés, mais FranceAgrimer fait exactement la même chose. C'est un vrai doublon. La communication et la pédagogie pourraient très bien être faites par l’INAO. L'INAO est déjà habituée à faire ce travail sur les AOP et sur les IGP".
L’Agence Bio est "efficace et a du succès" ont souligné les administrateurs et responsables dans un communiqué. "Aujourd'hui, nous réunissons tous les métiers, du champ jusqu’à la distribution en passant par la transformation. C’est cette unicité qui crée cette d'efficacité" souligne Jean Verdier le président de l’Agence Bio. De surcroît, cette décision ne lui semble pas logique puisque : "la Cour des comptes s'est prononcée il y a deux ans, en disant que nous étions bien gérés, et qu’il fallait absolument nous doter de moyens supplémentaires”.
Cette volonté de supprimer l'agence est aussi critiquée par les syndicats agricoles. La FNSEA, et les Jeunes Agriculteurs ont dénoncé dans un communiqué de presse "un vote incompréhensible". Pour la Confédération Paysanne, faire disparaître l’Agence Bio contribuerait à "la destruction de la filière".
Depuis 2021, la filière bio est dans une situation économique difficile. L’inflation a complètement retourné le marché. La part du bio dans les achats alimentaires des Français a reculé à 5,6% en 2023, contre 6,4% en 2021. "C'est le plus mauvais moment pour supprimer cette agence" dénonce Philippe Camburet, président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB). "On connaît une crise sans précédent. Nous reprenions espoir avec une nouvelle campagne de promotion qui devait démarrer à l'occasion du salon de l'agriculture. Elle devait être orchestrée justement par l'Agence Bio avec des moyens accordés par le gouvernement précédent" complète-t-il.
Le secteur du bio est en croissance chez nos voisins, en particulier en Allemagne. La décision du Sénat est vécu comme une régression par la filière en France. "C’est stupéfiant que le ministère laisse passer une décision comme ça. C'est un revirement sans précédent. L'agriculture biologique va diminuer et retrouver son niveau d'il y a 10 ans ou 15 ans. C'est-à-dire une agriculture de niche" souligne Philippe Camburet. L’État avait promis l’objectif d’atteindre 18 % de la surface agricole utile en bio d'ici 2027, contre environ 10 % aujourd'hui. Sans l’agence, ces objectifs sont "entièrement remis en cause" selon le président de la FNAB.
L'ensemble des acteurs de la filière biologique appelle le gouvernement à maintenir l'Agence bio. Une rencontre est également envisagée avec la ministre de l’Agriculture. Les débats sur le budget, eux, ne sont pas terminés après le vote du Sénat une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs se réunira à partir du 30 janvier.
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