Le Département du Cher a décidé de refuser le legs du château de Culan. Les travaux sur le site seraient trop importants selon le Conseil Départemental et la participation financière trop faible de la part de l'État. Pour l'instant, le monument reste fermé au public.
Quand pourra-t-on de nouveau visiter le château de Culan, une forteresse médiévale du XIIe siècle située dans le sud du Cher ? Les amateurs de vieilles pierres vont devoir se montrer encore patients et admirer le site de loin, puisque l'avenir du château est pour l'instant incertain. Décédé en novembre 2020, le propriétaire avait fait don du monument au Département du Cher. Le Conseil Départemental a annoncé il y a quelques jours qu'il refusait ce legs.
Pourquoi ? Les études menées sur l'état du Château estiment qu'environ 10 millions d'euros de travaux sont nécessaires, dont 2,7 millions pour des réparations d'urgence, une tour menace notamment de s'écrouler. Un investissement trop important pour la collectivité : « Aujourd'hui, dans l'état actuel des finances du Département du Cher, ce serait impossible », explique Jacques Fleury, le Président du Cher. « Avec les charges que l'on a, des charges qui se sont amplifiées suite à la crise ukrainienne comme tout le monde le sait, avec une inflation galopante... Ce ne serait pas responsable. »
Je reste persuadé que si le bâtiment était vers les Châteaux de la Loire ou dans une grosse ville telle que Bordeaux, Paris ou Marseille, on n'aurait pas eu le même engagement de la part de l'État.
Le Cher avait pourtant trouvé un partenaire privé pour l'accompagner dans ce projet, qui était prêt à assumer le coût des travaux. Mais ce dernier comptait sur l'État pour subventionner au moins la moitié du chantier. Or, en mars dernier, la réponse de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) tombe : 2 millions d'euros de subvention, loin de la somme espérée. Alors, c'est tout le dossier qui s'écroule. Le maire de Culan, Nicolas Nauleau, est en colère : « Je suis vraiment déçu de l'État, notamment de la DRAC ! Elle répond à nos questions, mais elle a descendu le chiffrage des subventions pour sauvegarder ce bâtiment. Je reste persuadé que si le bâtiment était vers les Châteaux de la Loire ou dans une grosse ville telle que Bordeaux, Paris ou Marseille, on n'aurait pas eu le même engagement de la part de l'État. »
Le château est primordial pour Culan et son activité économique. Depuis qu'il a fermé au public, les conséquences se font sentir : « Lorsqu'il était ouvert, c'étaient à peu près 17 000 visiteurs », détaille le maire de la commune. « On ne peut pas parler de Culan sans penser notamment au château médiéval du XIIe siècle. Dans le bas du Département du Cher, il n'y aura jamais Ikea, il n'y aura jamais d'entreprises pour créer une certaine attractivité, notamment pour l'emploi des habitants mais aussi pour les commerçants, pour garder les commerces ouverts... »
Depuis l'annonce du refus du Département, le téléphone n'arrête pas de sonner à Culan : « On a beaucoup de personnes qui téléphonent pour avoir le montant du château [estimé à 800 000 euros] », détaille le maire. Il espère désormais l'arrivée d'un acheteur providentiel, qui aura la volonté de continuer à faire vivre le monument. Reste également à connaître l'identité du prochain Ministre de la Culture, et s'il sera sensible aux charmes du Cher.
En attendant, l'avenir de la forteresse médiévale est entre les mains de la mère du défunt propriétaire et le château reste fermé au public...
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