Cela fait 19 ans jour pour jour que les attentats contre les tours du World Trade Center ont eu lieu à New York, aux Etats-Unis. Des attaques qui ont profondément marqué le XXIè siècle. Selon le philosophe et géopolitologue Cyrille Bret, ils sont même "devenus un élément constitutif du récit fondateur du siècle". Ils font désormais partie intégrante de nos vies. "Chacun d’entre nous a les images de cette journée en tête", affirme Cyrille Bret, "chacun d’entre nous revit tous les jours dans les contrôles de sécurité les réflexes que nous avons acquis depuis lors". C'est un événement sur lequel il revient dans son livre Dix attentats qui ont changé le monde, paru aux éditions Armand Colin.
Pour autant, en est-on arrivés à un "choc des civilisations", expression mise en avant par l'administration Bush au début du siècle ? Pas vraiment, selon le géopolitologue. Cette vision opposant un "islam terroriste et un Occident défenseur de la démocratie", qui a dominé pendant la dernière décénnie, a changé. Elle n'est plus aussi dominante depuis que l'on a assisté à la montée d'actes terroristes provenant de l’extrême-droite, et notamment l'attentat en Norvège en 2011 par Anders Breivik. "On s’est rendus compte que le terrorisme n’était absolument pas l’apanage des djihadistes", affirme Cyrille Bret.
Ce qui peut désormais apparaître préoccupant est cette "résurgence du terrorisme d’extrême-droite qui commence à adopter les codes du terrorisme djihadiste". Alors le terrorisme d'extrême-droite serait-il une réaction à la montée du djihadisme ? Oui selon Cyrille Bret, mais il s'est aussi inspiré d'autres mouvements.
Ce terrorisme d'extrême-droite illustre la façon dont certains groupes renoncent aux outils politiques classiques comme le tractage ou le vote. Et cela s'explique relativement simplement selon l'expert : "la terreur est ce qui produit des effets politiques immédiats". Ainsi a-t-on pu observer depuis plusieurs années des Etats se rendre responsables de terrorisme. "La Syrie de Bachar al-Assad utilise les techniques terroristes pour créer une domination durable par la terreur, par la paralysie psychologique individuelle et collective", assure Cyrille Bret.
"On entend des responsables politiques dire que le terrorisme paye. Ma grande crainte c’est que cette violence inacceptable se banalise et se diffuse dans tous les modes d’action de la société", raconte Cyrille Bret. "Le recours a la violence extrême devient une tentation large".
Le procès qui est en cours pour les attentats de janvier 2015 à Paris permet un sursaut face aux événements dramatiques vécus. Les accusés doivent être jugés normalement selon Cyrille Bret : "si on traite les terroristes comme étant d’exception, on leur donne le statut de militants politiques alors qu’ils ne sont que des criminels".
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