Le bâtiment, la construction, le logement, l'immobilier sont en crise et font craindre une spirale dangereuse pour l’économie française. Avec son second plan logement présenté en juin, le gouvernement tente d’éteindre le feu avec des mesures proposées par le Conseil national de la Refondation. Mais l’inquiétude des professionnels est réelle.
Parmi les facteurs d’inquiétude, le premier : l’inflation, qui a fait exploser les coûts de construction. Un facteur conjoncturel, mais une menace bien réelle : les carnets de commandes se vident.
Samuel Minot est le président régional de la Fédération Française du Bâtiment : « Le logement neuf représente environ 30 % de notre activité. Et nous sommes devant une crise parfaite : les coûts de construction ont explosé, dû à l’inflation, aux prix de l’énergie, et maintenant ce sont les taux immobiliers qui augmentent : 28 % de permis de construire en moins sur les 12 derniers mois, moins 37 % sur le dernier trimestre ». Une crise qui pourrait menacer 15 000 emplois à moyen terme sur la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Construire aujourd’hui n’est donc plus aussi attractif, et les conditions d’accès à la propriété se durcissent. Les taux d’intérêt immobiliers augmentent, et les banques sont moins enclines à prêter.
Sylvain Grataloup est président rhodanien et national de l’Union Nationale des Propriétaires Immobiliers : « Les primo-accédants, ceux qui veulent acquérir des biens, ne peuvent pas. Les taux d’intérêt sont trop élevés : 4 % aujourd’hui contre 1 % il n’y a pas si longtemps. Le taux maximum d’endettement est aujourd’hui de 35 %. L’effort que doivent fournir les ménages est considérable ». Et une équation simple à comprendre pour les particuliers : moins de propriétaires, c’est moins de biens à louer. Moins de biens à louer, et c’est une crise sociale qui émerge.
Et des conséquences qu’on identifie moins : celles autour de l’immobilier d’entreprise. Elles aussi ont besoin d’espaces pour travailler, et souffrent de la conjoncture autour de la construction. Marc Balaÿ est cofondateur de M PLUS M, promoteur en immobilier d’entreprise : « L’unité de compte de beaucoup d’entreprises de mon secteur, c’est le mètre carré de construction. Si nous ne changeons pas ce paradigme-là, nous allons avoir des difficultés à traverser la crise que nous vivons. Les entreprises qui font de l’immobilier, si elles revoient leur raison d’être, qui n’est pas de construire de mètres carrés, mais plutôt de mettre un toit sur les entreprises, elles vont se rendre compte qu’il y a plein d’autres façons de le faire ».
Une crise qui s’installe, des problèmes identifiés, des conséquences sur plusieurs secteurs, et des solutions qui restent à trouver, pour éviter une crise sociale annoncée.
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