Le bourdon sonne, il sonne sobrement, en ce 15 avril à 20h. Il sonne lourdement, sobrement, comme il sonne depuis toujours aux grandes heures de notre Histoire. Sauf que… hier soir, lorsqu’il se mit à bourdonner dans le ciel de Paris, il ne marquait pas une heure solennelle car il n’y avait nul évènement à célébrer. Il manifestait une présence : la présence de Celui qui ne renonce pas, qui ne trahit pas et qui, comme solde de tout compte, propose le salut.
Le Président de la République l’affirmait en ce jour du triste anniversaire : « Notre-Dame est aussi le symbole de la résilience de notre peuple ». Oui Notre-Dame est aussi ce symbole. Mais alors, qu’est-elle d’abord ? Avant d’être un symbole de résilience ou d’histoire nationale plus ou moins enchantée, la cathédrale est d’abord et avant tout ce lieu originel où l’homme cherche à manifester par son talent, son inventivité, son impétuosité, au cœur de la cité, le primat donné à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain. En résonnant sur les toits des immeubles sous lesquels des centaines de milliers de personnes, inquiètes, s’interrogent sur leur avenir quand elles ne pleurent pas un défunt ou l’angoisse d’un malade, le bourdon vient rappeler la promesse scellée sur cette terre par Celui dont nous célébrons cette semaine la Pâques. Le son grave, à chaque battement, manifeste le caractère immuable de cette promesse que Dieu veut inscrire dans l’intime de nos cœurs.
Il y a là comme un nouveau rappel d’une fidélité indestructible. Enfant, j’aimais entendre le murmure des voix d’adultes depuis ma chambre : elles me rassuraient dans la nuit qui tombait et dans l’obscurité où je me sentais plongé. Le son, la tessiture, la couleur dirait-on en radio, de ces voix me garantissaient la fidélité d’une présence. Voilà qu’en ce soir de désarroi national, le murmure même bref de ce bon vieux bourdon nous manifeste à sa manière la fidélité de Celui qui ne renonce jamais. Il y a un an, la foule immense rassemblée autour de la cathédrale encore fumante applaudissait les sapeurs-pompiers qui repartaient épuisés mais vainqueurs. Ils devinrent les héros du récit national dont notre pays s’enorgueillit volontiers. Je souhaite pour les blouses blanches que l’on acclame aujourd’hui chaque soir sur les balcons de France, une reconnaissance plus généreuse dans le temps que ne l’obtinrent les soldats du feu. Il ne serait pas mauvais dans le fond que la reconnaissance du peuple comme de l’Etat s’inspirât un peu plus de la fidélité de Celui à la gloire duquel ce bourdon fut conçu. Après tout ce bourdon justement n’a-t-il pas un prénom comme toutes les cloches de nos églises ? Et ce prénom n’est-il pas « Emmanuel », ce qui en bon français se traduit par « Dieu avec nous » ?
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