C'est une photo toute simple. Mais c’est une photo qui raconte l’époque, toute l’époque. C’est un gros plan d’une femme tenant à la main du brin de muguet. Elle est en train de l’éplucher, d’enlever des feuilles séchées par le soleil, pour le rendre encore plus beau, encore plus lumineux. On distingue la multitude de clochettes, celles qui sont déjà bien ouvertes, celles qui éclosent tout juste. Les feuilles sont bien vertes.
C’est une photo qui raconte l’époque, car elle incarne d’abord un rituel.
Le 1er Mai, on s'offre un brin de muguet pour se porter bonheur. Mais cette année, forcément, ce sera singulier, on ne pourra pas aller voir ceux et celles qui nous tiennent à cœur. On s’appellera juste. On ne trouvera pas de vendeurs dans la rue, de jeunes garçons et de jeunes filles à l’orée des forêts, des hommes et des femmes sur les marchés, à qui acheter pour quelques euros cette fleur qui sent si bon.
Pour beaucoup d’entre nous, le muguet va être virtuel…
Et c’est cela que nous montre la photo. Car la femme photographiée a bien sûr comme il se doit un masque sur le visage. On ne peut pas le rater : c’est un masque blanc et la femme a la peau noire. On voit ainsi les trois plis horizontaux qui permettent au masque d’épouser le visage, on voit les élastiques blancs qui se glissent derrière les oreilles. C’est une photo de 1er mai, mais de 1er mai 2020.
Cette femme est également voilée, elle a les cheveux contenus dans un fouard sombre. Ce qui nous rappelle que nos amis musulmans sont au cœur du ramadan, un mois d’effort et de célébration. Il a commencé il y a quelques jours.
Cette image, c’est une photo d’époque, je vous le disais. Et ce que nous apprend aussi la légende, c’est qu’il s’agit d’une bénévole du Secours Populaire, qui prépare des bouquets de muguets pour les pensionnaires d’un Ehpad, à Castelginest, près de Toulouse.
Chaque vendredi dans la Matinale RCF, David Groison commente une photo de presse.
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