La pandémie a mis en lumière la nécessité du soin qui dépasse le champ médical pour s’introduire dans les relations culturelles, sociales.
Il nous appartient que le ‘prendre-soin’ trouve aussi sa place dans l’entreprise, n’est-ce pas l’une des responsabilités de cette économie positive pour être nommée solidaire.
Toute crise est créatrice de réflexion et de changements, l’un d’eux est perceptible dans cette approche du soin et du prendre-soin, mettant en lumière une anthropologie qui n’est pas sans réveiller la fraternité.
Les soignants en sont les sentinelles.
Lors de son allocution du 13 avril dernier, le Président de la République soulignait la nécessité de ce prendre-soin avec cette expression largement partagée : « prenez soin de vous, prenez soin les uns des autres.
Nous tiendrons ». Tenir à ce soin est une des conditions pour l’obtenir.
Dans une petite commune de l’Aveyron, la Covid 19 touche fortement les résidents et les soignants d’un ehpad, conduisant le Directeur à faire appel à des acteurs de soins extérieurs pour ne pas en risquer la fermeture.
La population apporte sa contribution en offrant chez eux un hébergement aux soignants qui se présenteront. Un soin partagé !
Ainsi, suivant l’expression d’Emmanuel Levinas : les Hommes pleinement hommes sont ceux pour qui la spiritualité est fondamentalement une hospitalité exigeante.
Il ajoute dans son ouvrage l’éthique et transcendance que l’humain commence dans la sainteté, avec comme première valeur de ne pas laisser le prochain à sa solitude, à sa mort.
Ce monde est plus soignant qu’il ne le pense, plus humain qu’il ne le croit.
Si nombre de soignants demandent à ne pas être enfermés dans une héroïsation de leurs engagements, reconnaissons qu’ils sont les pionniers du care.
Leur vision, dans ce monde en convalescence, introduit un refus de l’indifférence aux détresses.
De l’épreuve de la pandémie ne surgirait-il pas un nouvel horizon, la recherche d’un bien-être s’inscrivant dans un soin partagé qui n’est pas sans interroger cette course folle, arrêtée par la Covid 19, vers des avoirs et des pouvoirs mettant à nu bien des souffrances restées jusqu’alors sans soins.
Sans doute, comme le Petit Prince, dans l’épreuve, avons-nous vécu des temps d’apprivoisement vers l’autre ; il est apparu ce qu’il est, un semblable à cent mille autres et nous en avons fait un ami. Tout change alors.
Des liens de fraternité naissent de ce prendre-soin. Le sujet est de savoir si nous les maintiendrons et développerons, une fois la crise traversée.
Il s’agit ici, suivant les mots d’Emmanuel Levinas, d’une approche de sainteté qui n’est pas une perfection morale mais le premier critère de notre humanité.
Elle ne se délègue pas, elle se bâtit dans la persévérance, chemin d’espérance.
Bernard Devert Septembre 2020
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