Et à ceux qui demandent à Eastwood quand il compte arrêter, il répond que filmer, c’est sa façon à lui de vivre et de trouver un sens à son passage sur terre.
Pour ça, il est passé derrière la caméra en 1971 et il ne l’a plus lâchée depuis. Et « Le Cas Richard Jewell » est son quarantième long métrage.
C’est un parfait inconnu pour nous mais il a marqué l’Amérique comme victime de l’un des plus grands fiascos médiatico-judiciaires de ces dernières années.
C’était lors des Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, des concerts étaient organisés le soir dans le parc de la ville. Richard Jewell y était un simple agent de sécurité mais qui a alerté la police à propos d’un colis suspect ; ce qui a permis l’évacuation des lieux et de sauver ainsi des dizaines de vies.
Sauf que de héros national, il est rapidement devenu le suspect n°1 du FBI, pressé de trouver le poseur de bombe, puis le coupable idéal d’une presse avide de scoop et prête à tout.
C’est le profil et la trajectoire de Richard Jewell qui l’ont rejoint. Le film oscille entre biopic, drame et enquête policière. Et il en fait un portrait tout en empathie, touchant et lucide à la fois.
Depuis plusieurs films, comme « Sully » ou « American sniper », Eastwood s’interroge sur cet héroïsme ordinaire dont a soif la société américaine, qu’elle érige en idéal mais qui est si loin de la réalité humaine.
A première vue, Jewell, c’est un américain-lamda, assez insignifiant dans son travail, un peu obèse, collectionneur d’armes à feu, qui vit encore chez sa mère.
Mais c’est aussi un homme soucieux du devoir bien fait, qui a foi dans son pays et dans ses institutions, qu’il rêve de servir… jusqu’à refuser de les mettre en cause pour se défendre !
Dans le film, le réalisateur prend ouvertement partie pour Jewell et ses proches. Il dénonce sans ménagement l’emballement mortifère des médias et de l’opinion publique, et la tendance des autorités américaines à mépriser les plus faibles.
Et il met aussi en lumière l’histoire d’un homme qui dans cette épreuve, va trouver l’occasion de renaitre à lui-même.
Les trois rôles de Richard Jewell, de sa mère -jouée par Kathy Bates- et de son avocat sont absolument formidables, extrêmement bien écrits, bien joués, très complets, entre révolte, tendresse, et même un peu d’humour.
En face d’eux, la journaliste et l’inspecteur sont un peu plus caricaturaux. Mais la mise en scène sobre et très fluide de Clint Eastwood sert bien le récit. Et même si le film est classique et se passe en 1996, son propos est tout à fait d’actualité !
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