Dimanche 18 juin, la Musique de la Légion étrangère donnera deux concerts grandioses à l’Olympia de Paris. L’occasion de se pencher sur cette unité qui met à l'honneur le chant collectif, une pratique qui tend à disparaître.
C’est l’une des formations musicales les plus réputées de l’armée française, qui se démarque par le rythme de ses marches, plus lent que les autres. Cela lui vaut l’honneur de clore les défilés militaires. Elle se produira à l’Olympia, ce dimanche 18 juin, pour deux concerts (14 heures, 18 heures, à partir de 49 euros la place). “La Musique de la Légion étrangère est formée de légionnaires ayant des connaissances musicales. On compte entre quatorze et vingt nationalités différentes, sur soixante musiciens”, explique le lieutenant-colonel Emile Lardeux, chef de musique de cette formation créée en 1831, en même temps que la Légion étrangère dont elle émane. Après 43 années dans l'armée, il tirera sa révérence lors des concerts des dimanche.
Le chant, à l’origine, n’est pas la vocation de cette formation. “La Musique de la Légion étrangère est avant tout un orchestre militaire, rappelle le colonel Lardeux. Il se trouve que la pratique du chant y est assez importante, mais notre vocation n’est pas de chanter. C’est un plus”. Et de souligner le rôle intégrateur de la Légion étrangère, en particulier du chant en son sein : “A la Légion, le chant est un moyen d’apprendre le français”. Hors leur travail musical qui représente le plus gros de leurs attributions, les musiciens de la Légion étrangère sont affectés en soutien d’autres missions. “Ils participent aux missions Sentinelle aux mois de janvier et février, quand les opérations musicales sont moindres. Ils entretiennent ainsi leur formation militaire, et renforcent des unités de Légion sur des missions Sentinelle à Paris, Lyon, Toulouse dernièrement”, expose celui qui dirige cette Musique de l’armée depuis 2008.
Le chant se nourrit plus qu’on pourrait croire des valeurs militaires. Et vice-versa. “Le chant exige d’écouter l’autre, s’accorder à lui. Ces réflexes d’attention et de concentration permettent de développer la cohésion dans un groupe et de la transmettre aux gens, affirme le colonel Lardeux. Le camarade qui est avec nous au combat, il faut qu’on ait l’assurance qu’il connaît son travail, qu’il nous connaît. Il faut que tout le groupe travaille dans la même direction”.
Le fait de chanter ressoude les liens, permet de se sentir appartenir à un même corps. On se découvre des camarades à travers le chant
C’est que le chant collectif a, plus que toute autre discipline, la vertu de créer du lien en quelques secondes à peine. Le chef de Musique prend un exemple. “On est en bivouac, sur le terrain. Le soir, on est au coin du feu, on parle, et puis on chante. Le fait de chanter ressoude les liens, permet de se sentir appartenir à un même corps. On se découvre des camarades à travers le chant”. On comprend l’ardeur qu’il met à valoriser le chant au sein de sa formation. “C’est beau de voir cette fusion, cette cohésion du chant, s’émeut-il. C’est magique, et c’est propre à la pratique du chant choral”.
Comment à ce propos n’être pas frappé par la perte de vitesse du chant collectif, dans une société où l’individualisme-roi est idéalement servi par le pullulement des écouteurs connectés ? “Les jeunes ont aujourd’hui chacun leur système d’écoute individuel. Chacun écoute sa musique pour soi”, regrette Emile Lardeux. “Dans l’Education nationale en France, où est la pratique du chant ? Il ne reste pas grand chose, que ce soit du chant ou de l’apprentissage musical”, grince le chef de Musique, qui s’inquiète d’un phénomène dont on parle bien peu alors qu’il révèle beaucoup. “Il faut faire attention car chez les jeunes, cette pratique du chant collectif n’existe pratiquement plus”.
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