Des algorithmes d’imagerie médicale ont par exemple permis à l’hôpital rennais de réduire le temps de passage aux urgences ou d’aider au diagnostic du cancer de la prostate.
Cette année, les urgences de Rennes vont accueillir 70 000 personnes. Dans les brancards, beaucoup d’urgences vitales, mais aussi bon nombre de fractures ou de chutes. Ces patients attendaient le résultat d’une radio plusieurs heures avant de savoir si une prise en charge est nécessaire. Mais depuis 2021, l'intelligence artificielle Boneview étudie les radios, et peut détecter une fracture en quelques minutes. "C'est un vrai gain pour nous, et surtout pour les patients", commente le docteur Ulysse Donval, médecin urgentiste au CHU de Rennes, "puisque ce qui compte souvent quand on vient aux urgences pour un traumatisme, c'est de savoir s'il y a fracture ou non".
Après un an d’utilisation, la durée moyenne de passage a diminué de 21% pour les patients sans fracture et de 27% pour les patients avec fracture, soit une réduction d’1h à 1h20 d’attente.
Il y a une meilleure prise ne charge, sans avoir eu à recruter dans un contexte où il est difficile de recruter des urgentistes et des soignants.
Des intelligences artificielles comme Boneview, au CHU de Rennes, il y en a plus de 28 testées en ce moment, dont 6 en routine clinique : sur l'anévrisme de l'aorte ou sur la lecture des radios de thorax pour détecter la tuberculose.
Depuis 2022, le CHU participe avec l’entreprise Incepto à la création du logiciel Paros, spécialisé dans la lecture d’IRM pour la détection du cancer de la prostate. "C'est notre mission, en tant que CHU, explique Frédéric Rimattei, le directeur général adjoint du CHU de Rennes, qui supervise la mise en œuvre de la politique de recherche et d’innovation, "d'être utilisateur et partie prenante de la construction de ces algorithmes, pour maîtriser ces outils, et leurs biais possibles".
Avec ce logiciel, les jeunes radiologues en formation au CHU ont pu réduire leur marge d’erreur : les premiers résultats indiquent deux fois moins de tumeurs non repérées au scanner grâce à l'IA. Pour y arriver, douze radiologues confirmés ont entraînés eux-mêmes l’algorithme en annotant plus de 3 000 IRM. "Le logiciel ne dépasse pas les compétences de l'humain, mais s'en approche", analyse le docteur Luc Beuzit, spécialiste en imagerie abdominale. Bilan : un gain de temps, moins de fausses pistes, et moins de biopsies inutiles pour confirmer un résultat négatif. "On aura toujours besoin de l'oeil humain pour confirmer les résultats, rassure Frédéric Rimattei. Ces outils sont une aide mais ne remplaceront jamais l'expertise un médecin."
Depuis novembre 2022, Paros est utilisé au quotidien en interne par les radiologues. Le logiciel, en attente de certification, pourra alors être commercialisé dans le monde entier.
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