35 millions de foyers seront équipés du compteur Linky d’ici 2021. Une opération estimée à 5 milliards d’euros pour le gestionnaire du réseau ENEDIS. Ces compteurs suscitent de l'inquiétude autour des ondes, ou de la protection des données. Un peu partout en France des communes le refusent et des collectifs d’usagers se forment contre Linky.
Avant toute chose, le compteur Linky est intelligent : il est communicant. Il transmet la consommation au gestionnaire de réseau via le courant électrique. C’est donc la fin du relevé manuel par un agent et des factures estimées ou différées. Linky permet d’ajuster la facture au plus juste. Gladys Larose, chargée de communication pour le projet Linky, l'explique : "Le remplacement de ces compteurs porte un enjeu majeur : la livraison de l'électricité dans un univers de plus en plus compliqué. Aujourd'hui, on a des panneaux solaires, des voitures électriques... On a besoin des compteurs communicants pour mieux gérer ces nouvelles formes de consommation et de production".
Le premier point avancé par les opposants, ce sont les ondes électromagnétiques. Linky utilise le courant électrique pour transmettre les données. Selon ses détracteurs, il accentuerait un rayonnement dans une maison ou un appartement. Les collectifs et certains élus pointent du doigt un risque pour les personnes électro-sensibles. C’est le cas de la maire de Réaumont en Isère. Brigitte Laurent a pris un arrêté contre Linky : "On n'a pas assez de recul, on applique donc le principe de précaution. Le préfet nous a demandé de retirer notre arrêté, mais nous irons au tribunal administratif, on a pris position".
ENEDIS rétorque qu'il n'y aucun risque sanitaire : "Comme pour tout appareil électrique, le compteur émet un champ électromagnétique. Sur ce sujet, des études ont été faites par des organismes indépendants : donc il y a une absence de risque pour la santé. Aucun danger, ce compteur ne change pas l’environnement électromagnétique d’une habitation".
L’autre inquiétude concerne la question de la protection des données personnelles. Le compteur transmet quotidiennement votre consommation. On peut donc déduire si vous êtes présent ou absent de votre domicile. Eva Guinaud, membre du collectif stop Linky à Lambersar dans le Nord, se refuse à diffuser ses données personnelles : "ENEDIS est le gestionnaire du réseau. Je ne vois pas pourquoi il se permettrait d’entrer chez moi, savoir ce que je fais. De quel droit laisse-t-on entrer cette entreprise chez nous ? On ne sait pas vraiment ce qui est fait de nos données".
Du coté d’ENEDIS, on affirme que les données concernent une consommation globale et sont anonymisées. Elles ne peuvent être transmises à des tiers sauf consentement de l’usager. Or, la CNIL a récemment épinglé l’opérateur Direct Energie, lui reprochant de ne pas être assez clair sur ce consentement. Vous pouvez donc refuser que ces données soient utilisées mais à l’avenir les opérateurs proposeront certainement des offres ciblées nécessitant d’utiliser vos données de consommation précises.
Linky transmet les données de consommation. Mais à ce stade il n’est pas possible d’avoir la vision instantanée de sa consommation, ce que déplore Nicolas Mouchkino, chargé des questions énergies au sein de Que Choisir. "Il n'y a pas de dispositif permettant de reproduire la consommation dans le logement, donc il n'est pas possible de lier son usage et sa consommation… l’information en temps réel est nécessaire pour mieux maîtriser sa consommation d’énergie !"
La polémique est loin d’être éteinte avec Linky d’autant que son petit frère Gazpar est en route pour le gaz et certaines agglomérations comme Lyon déploient des compteurs intelligents pour l’eau.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !