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Le Conseil de l'Europe reconnaît à Julien Assange le statut de "prisonnier politique"

Un article rédigé par Marie-Lucie Walch - RCF, le 2 octobre 2024 - Modifié le 2 octobre 2024
Journal local · RCF AlsaceJournal local - Mercredi 2 octobre 2024

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a débattu pendant deux jours du statut du fondateur de Wikileaks et des effets de sa situation en termes de droits de l'homme. Une étape importante dans le combat entamé en 2010 par l'activiste de 53 ans.

Julian Assange à l'APCE le 2 octobre 2024 @ capture d'écran / RCF AlsaceJulian Assange à l'APCE le 2 octobre 2024 @ capture d'écran / RCF Alsace

Après une matinée de discussion à Strasbourg, les 46 ministres des Affaires étrangères composant le Conseil de l'Europe ont rendu leur verdict lors d'un vote ce 3 octobre : Julian Assange est reconnu "prisonnier politique" suite à sa détention au Royaume Uni depuis 2019. Une sentence qui donne raison à l'activiste qu'ils avaient entendu la veille lors d'une audition.

Un plaidoyer pour la liberté d'informer

Les traits tirés, cherchant ses mots, c’est en homme fatigué que le cybermilitant australien s’est présenté mardi devant l’APCE, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Pour la première fois depuis sa libération en juin dernier, Julien Assange s’est exprimé durant près d'une heure dans le cadre d’une enquête sur les raisons et les conditions de sa détention qui a donné lieu à un rapport. Le fondateur de Wikileaks a demandé aux parlementaires de renforcer la protection des journalistes contre les pressions étrangères. 

"Coupable de journalisme"

Il est revenu sur son choix d’avoir divulgué sur sa plateforme il y a 14 ans une vidéo remise par un militaire américain. Elle montrait des soldats américains en train de tirer sur des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters en Irak en 2007, ainsi que des messages internes du gouvernement avec les noms des soldats identifiés. Ce choix lui avait valu l’extradition des Etats-Unis sous l’impulsion "acharnée" de Mike Pompeo, directeur de la CEA durant le mandat de Donald Trump, et 5 ans de réclusion à l'ambassade de l'Equateur au Royaume Uni puis à Belmarsh, une prison proche de la capitale britannique.. "Je ne suis pas libre aujourd’hui parce que le système a fonctionné, a-t-il déclaré. Aujourd’hui je suis libre après des années d’incarcération parce que j’ai plaidé coupable pour avoir fait du journalisme. J'ai plaidé coupable pour avoir cherché des informations depuis une source, j’ai plaidé coupable pour avoir informé le public avec cette information."

Assurer la sécurité transnationale des journalistes

Le journalisme, c’est bien sous cette bannière que le cybermilitant australien s’est réfugié. Il a notamment pointé du doigt la censure exercée par les Etats-Unis sur les journalistes étrangers lorsqu'ils enquêtent sur les affaires sensibles, mais a également évoqué le sort des journalistes de guerre tués sciemment sur le terrain en Ukraine ou au Proche-Orient.  

Je suis ici parce que je crois que c’est une première étape de la part de l’Assemblée du Conseil de l’Europe pour faire bouger les choses en termes de répression transnationale. Il faut aussi s’assurer que la sécurité des journalistes est possible au sein des frontières européennes.

Un sujet dont l’APCE s’est pourtant déjà emparé en 2020, avec la loi sur la sécurité des journalistes en Europe et la liberté des médias.  

Journalisme ou activisme ?

Pourtant, le plaidoyer de Julian Assange a remis sur le tapis la question de la frontière entre l’engagement militant et le journalisme engagé. Pour lui, un seul critère compte : l'authenticité des source. "Il y un point sur lequel je suis un militant et sur lequel tous les journalistes doivent l’être aussi : les journalistes doivent être des militants pour la vérité.

La décision de l'APCE crée un précédent et rebat les cartes quant à la protection des lanceurs d’alerte. 

 

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