Il y a 80 ans, l'Armée Rouge libérait le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et découvrait, par la même occasion, l'horreur du régime nazi. Comment perpétuer la mémoire de la Shoah quand il ne reste qu'une poignée de survivants et que l'antisémitisme monte en France ? Le père Christophe Le Sourt, délégué national de l'Église de France pour les relations avec le judaïsme, de retour d'un voyage à Auschwitz-Birkenau, revient sur la Shoah et sur le rôle de l'Église dans le travail de mémoire.
Il y a 80 ans, le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques libéraient Auschwitz et y découvraient l’horreur du camp d’extermination. Il reste peu de gens qui ont vécu ces événements traumatisants. Ce matin, Louis Daufresne et Pierre-Hugues Dubois accueillent le père Christophe le Sourt, délégué national pour les relations avec le judaïsme au sein de la conférence des évêques de France. Il a représenté une délégation d’évêques de France à Auschwitz il y a une semaine. Ce voyage avait pour objectif un devoir de mémoire, mais aussi une affirmation de l’engagement de l’Église contre les discriminations.
Christophe le Sourt a visité Auschwitz il y a une semaine. “Il faisait extrêmement froid. Cette visite permet d’avoir un avant-goût de l'enfer qu'ont pu subir ceux qui étaient placés dans des baraquements en attendant l'extermination.”
Environ 1 100 000 hommes, femmes et enfants au total ont été tués dans le camp en cinq ans. Les travaux de commémoration sont nombreux. On peut citer notamment les trains de la mémoire, organisés par Jean Dujardin en 2004, initiative qui visait à sensibiliser les jeunes sur ce sujet. “Il n'y a pas une semaine où il n'y a pas un film qui évoque la Shoah, cette immense catastrophe au cœur de l'Europe.” précise le père Le Sourt. Mais pour le prêtre, malgré ce devoir de mémoire, l’antisémitisme est de retour en Europe, et la mission de l’Église est de le combattre. Il argue : “Il y a une résurgence de l'antisémitisme. C'est un virus mutant. Il y a les vestiges de l'antijudaïsme chrétien dans certains secteurs, et puis l'apparition d'un antisionisme qui est la remise en cause de l'existence même d'Israël.”
Christophe Le Sourt défend le judaïsme. Il mentionne la phrase du Pape Jean-Paul II, “quiconque rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme.” Cette phrase a été prononcée le 13 avril 1986, lors de la visite du Saint Père à la Grande Synagogue de Rome. “Notre christianisme est incompréhensible si nous ne faisons pas appel aux sources juives” , renchérit Le Sourt.
Quiconque rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme.
“Il y a une rupture à partir des années 2000 sur ce sujet. Alors, je pense que ce n'est pas pour rien que le Pape François a fait son voyage à Jérusalem l'année qui a suivi son élection au siège de Pierre." Aujourd’hui, l’Église catholique fait beaucoup pour maintenir une bonne relation avec le judaïsme. “Nos relations sont intra-familiales, et ces relations-là sont très fortes. Et pour autant, dans le judaïsme aujourd'hui, il y a des courants très hétérogènes.” plaide-t-il.
Le rôle des chrétiens lors de cette période est lui aussi interrogé. Un travail de recherche est encore en cours. Il vise à discerner quelles personnes entrent dans la catégorie de “justes”, individus reconnus pour avoir aidé les Juifs pendant l’Holocauste. “Il y a un immense travail qui a déjà été fait et qui se poursuit. On a encore des travaux sur Rome au moment de l'Empire. On continue à faire des travaux sur les Aztèques. On continuera à faire des travaux historiques tant qu'on trouvera de nouvelles archives.”
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