"La Belle époque", c’est le nom du café où se sont rencontrés il y a 45 ans Victor et Marianne. Mais leur couple est aujourd’hui au bout du rouleau, Victor (joué par Daniel Auteuil) a été un dessinateur à succès de bande dessinées, il est devenu un vieux grincheux dépressif qui ne comprend plus rien à la société actuelle et à ses nouvelles technologies. Tandis que Marianne (jouée par Fanny Ardant) cultive à l’inverse, et à outrance, son jeunisme et sa modernité. Un ami de leur fils va offrir à Victor les services de sa société, il propose à ses clients de vivre quelques jours à l’époque historique de leur choix.
On connaît plus Nicolas Bedos comme "fils de" son père, ou comme chroniqueur sur les plateaux de télévision où il peut parfois irriter ou déranger ; c’est même un peu une marque de fabrique familiale !
Ce qui agace chez lui, c’est souvent l’envers de ses qualités. Il est à la fois provocateur, brillant, charmeur, narcissique, grinçant mais souvent très drôle.
Et l’avantage au cinéma, c’est qu’il a le temps de déployer ses multiples talents. Pour son film il en a écrit seul le scénario, les dialogues et la musique. Et on retrouve son sens de la formule qui fait mouche, et dans tous ses plans - toujours très courts - sa manière d’alterner le gag et l’émotion, qui nous tient en permanence sur le fil entre le rire et les larmes.
Comme dans son premier film, "Monsieur et Madame Adelman", Nicolas Bedos porte un regard très tendre sur le couple et sur les ravages du temps qui passe. Mais la nostalgie, qui est présente dans le film, est fondamentalement constructive : c’est en se réappropriant son passé que Victor retrouve l’envie de vivre une forme d’aventure.
Son film exalte le romanesque et l’art de la mise en scène. Le scénario est d’une complexité folle, fait d’allers-retours permanents dans le temps mais sans jamais nous perdre. Et dans la reconstitution historique des années 1970, on est comme au théâtre. Le spectateur, comme Victor, sait que tout est « faux », mais on y prend quand même un plaisir total. Qui est celui du cinéma, cet art de l’illusion qui sublime nos désirs.
Après "Le Grand Bain" en 2018, c’est la deuxième année consécutive que Thierry Frémaux choisit de projeter une comédie française de qualité ; ce qui lui permet aussi à chaque fois de réunir un casting prestigieux en haut des marches.
C’est un autre des plaisirs du film d’ailleurs, celui de retrouver Daniel Auteuil et Fanny Ardant au sommet de leur art. On n’avait pas revu l’actrice dans un rôle aussi éclatant depuis son personnage de Pierrette, dans "8 Femmes" de François Ozon (2002). Alors courez-y ! Vous l’avez compris, c’est drôle, enlevé, ambitieux et intelligent.
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