Vierzon, Châtellerault, Carcassonne, Calais, Montélimar ou encore Saint Etienne. Toutes ces villes ont un point commun. Elles sont frappées par un taux de vacances très important des commerces, autour de 15 %. C’est ce que l’on appelle la dévitalisation des centres-villes. C’était l’un des thèmes des assises des territoires en 2017. L’heure est aujourd'hui aux tentatives de revitalisation. Elles feront notamment l’objet de question à l’assemblée nationale mardi 16 janvier.
Le phénomène n’est pourtant pas nouveau mais il s’accroît dangereusement. Dans les centres-villes des communes entre 25 000 et 100 000 habitants, on comptait l’an dernier 11,3 % de commerces inoccupés en moyenne selon les données de la fédération du commerce spécialisé, Procos. C’est deux fois plus qu’au début des années 2000.
Cela fait de nombreuses années que la bataille fait rage entre grande surface et petits commerces de centres-villes. La concurrence des grandes surfaces existe depuis les années 70-80. A cela il faut ajouter un autre point d'ombre pour ce genre de magasins, la concurrence du commerce en ligne.
Des difficultés des commerçants pour s'implanter
Pour Patrick Vignal, député LREM de l'Hérault, la revitalisation des centres-villes doit devenir une grande cause nationale. Cet élu est aussi président de l’association "Centre en mouvement" qui rassemble plusieurs centaines d’élus. Il pointe notamment une distorsion entre l’offre commerciale proposée en périphérie et la consommation réelle des habitants.
Entre également en jeu dans certaines villes les problématiques de loyers inadaptés et les choix des élus locaux au sein des Commissions Départementales d’Aménagement Commercial en matière de de demandes d’autorisation d’implantation. A ce sujet, en 2008, la France a choisi d’appliquer une directive européenne concernant l’implantation des commerces. Un vrai tournant pour Franck Gintrand, président de l’Institut des territoires. Une directive qui facilite l'implantation des commerces. Depuis son application par la France, les élus n’ont plus comme seule possibilité de refuser l'implantation d'un commerce, que d’invoquer des questions environnementales.
Mais cette problématique de reflux des centres-villes va au-delà de la seule question des commerces. Par ricochet, plusieurs effets viennent se conjuguer et accentuent le dépérissement des centres-villes. Logements vétustes, disparition des services publics en sont des illustrations. C'est ce que rappelle Olivier Razemon, journaliste et auteur de "Comment la France a tué ses villes" (éd. Rue de l'échiquier).
Face à cela, le gouvernement veut déployer un plan "Action cœur de ville" de cinq milliard d’euros. Ce plan a été annoncé par le Premier ministre lors de la deuxième phase des assises des territoires à Cahors. Il prévoit l'ouverture de nouveaux commerces en hyper-centre, la rénovation de logements sociaux, la restauration de bâtiments anciens, l'emménagement de nouvelles familles.
Les élus confrontés au problème rappellent en effet qu’il faut jouer sur plusieurs facteurs. D'après Franck Gintrand, pour cela soit efficace, il faudrait un nouveau cadre fiscal et législatif.
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