Le nombre de catholiques à travers le monde progresse. C’est ce que révèlent les dernières statistiques publiées samedi dernier par le Vatican. Mais ces données révèlent surtout un important déséquilibre : si le nombre de baptisés augmente en Afrique et en Asie, il reste globalement stable en Europe.
1,3 milliard de catholiques. C'est le nombre de baptisés recensés à travers le monde en 2021. Un chiffre publié par le Saint-Siège, qui s’est basé sur les données des 3.030 circonscriptions ecclésiastiques dans le monde. Le nombre de catholiques dans le monde est donc en légère augmentation : +1,3% par rapport à 2020. En moyenne, au cours des 40 dernières années, la proportion mondiale de catholiques est restée autour des 18%.
Si c'est sur le continent américain que la proportion de baptisés est la plus élevée (plus de 64%), c'est en Afrique et en Asie que le nombre de catholiques augmente de façon significative. En 1978, ils représentaient 7% de la population d’Afrique, et 8% de celle d'Asie. Aujourd'hui 18% des Africains sont baptisés et 12% des Asiatiques le sont. "Là vous avez en effet des territoires d’évangélisation qui reçoivent d’un certaine manière les apports nouveaux de catholicité du fait de politiques d’évangélisation plus offensives dans ces pays", analyse Philippe Portier, politologue, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Ephe).
À noter aussi qu'en Afrique ou en Asie, "on partait de beaucoup plus bas", précise le politologue. "Il y a des augmentations que l’on ne peut pas avoir de la même manière dans la vieille Europe qui est traditionnellement chrétienne." Avec plus de 39% de catholiques, l'Europe arrive en deuxième position après l'Amérique, mais le nombre de baptisés reste stable.
Probablement, l’Église serait bien inspirée de ne pas laisser tomber les pays du Nord
Autre enseignement de l'étude du Saint-Siège : le nombre de prêtres et d'évêques dans le monde est en diminution. Ils étaient un peu plus de 410.000 en 2020 et sont un peu moins de 408.000 un an plus tard. Mais l’équation varie entre le Nord et le Sud. En Afrique et en Asie, "le nombre de prêtres, le nombre de séminaristes augmente assez sensiblement, précise Philippe Portier, en lien d’ailleurs avec l’augmentation des populations catholiques dans ces deux continents". Ce qui est loin d’être le cas en Occident.
Fortement touchées par "un phénomène de sécularisation", l’Europe et l’Amérique du Nord enregistrent un déclin du nombre de prêtres diocésains, de religieux. Déclin "qui semble pour l’instant extrêmement inquiétant pour l’Église", remarque le politologue. "En Europe on a affaire à un taux d’encadrement en diminution avec une grande difficulté pour les Églises de se renouveler, de trouver en particulier les séminaristes qui vont renouveler le corps sacerdotal."
Cela se ressent jusqu’au Vatican, où les cardinaux nommés dans les dicastères "sont de plus en plus recrutés dans les continents de force, c’est-à-dire en Asie et en Afrique. En Amérique du Sud aussi..." Pour Philippe Portier, "probablement l’Église serait bien inspirée de ne pas laisser tomber les pays du Nord, qui connaissent aujourd’hui une crise et qui réclament une action plus offensive pour essayer de ramener au bercail des populations qui assez inéluctablement s’en éloignent".
Il y a donc dans les instances de gouvernement de l’Église, "une sorte de basculement vers le Sud", analyse le politologue, avec une "volonté de donner aux conférences épiscopales du Sud une importance dans la détermination des politiques ecclésiastiques locales qui n’existaient pas auparavant". "C’est la grande thèse du pape François lorsqu’il évoque la nécessité de substituer à une Église marquée par sa verticalité traditionnelle une Église qui se constituerait à partir de centres qui sans être autonomes pourraient du moins produire des politiques en phase avec leurs propres espaces continentaux."
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