Le Pape en Corse, une nouvelle visite aux périphéries de l’Église

Clap de fin pour le voyage du Pape François en Corse. Le souverain pontife s’était rendu sur l’île de Beauté à l’invitation du cardinal Bustillo pour clôturer un congrès sur la religiosité populaire en Méditerranée. Le déplacement a aussi été l’occasion pour lui d’aller à la rencontre des corses, ce qui a donné lieu à des moments de liesse en un dimanche de gaudete. Certains opèrent une comparaison entre le voyage du Pape en Corse et son voyage en Asie du Sud-Est, quelques mois auparavant. Le père Frédéric Constant, vicaire général de Corse, qui a vécu le week-end au plus près du Pape, revient a posteriori sur l’événement

Un voyage en périphérie du monde catholique

Pour le père Frédéric Constant, “ce qui marquera le grand pontificat de François, c’est sa proximité avec les périphéries”. Le Pape s’était déjà rendu une semaine en Asie du Sud-Est, au contact des chrétiens parmi les plus éloignés du Vatican. Au Timor Oriental, pays le plus catholique au monde, il avait notamment célébré une messe devant plus de 700 000 personnes. François réitère l’opération sur l’île de Beauté, dans des proportions plus limitées. Au Casone à Ajaccio, le souverain pontife célèbre la messe du troisième dimanche de l’Avent devant une assemblée de 9000 fidèles. 

La Corse est une périphérie, une petite île au cœur de la Méditerranée, avec ses joies, ses difficultés. François est venu nous conforter dans la foi. Il a marché au milieu de ce peuple qu'il ne connaissait pas intimement. Il a essayé de comprendre notre culture, nos traditions.

Le vicaire général de Corse l’affirme, la Corse est bien en marge du monde catholique. “La Corse est une périphérie, une petite île au cœur de la Méditerranée, avec ses joies, ses difficultés. François est venu nous conforter dans la foi. Il a marché au milieu de ce peuple qu'il ne connaissait pas intimement. Il a essayé de comprendre notre culture, nos traditions.” La foule était au rendez-vous. Un nombre important de corses se sont déplacés pour aller à la rencontre du Pape. “ Il y avait tous les visages : les autorités, le vigneron, le boulanger, le recteur d'académie, le PDG, la petite mémé qui venait du plus haut village de Corse, une femme de 108 ans, un petit enfant...” Face aux visages enfantins dans la foule, le Pape François a pu redire son attachement à la jeunesse "Dans d'autres pays, on n’en voit pas autant. Au Timor oriental et ici, j’ai vu des enfants".

Laïcité et vivre-ensemble

Le voyage du Pape en Corse a aussi été l’occasion pour lui d’évoquer les thèmes de la laïcité et du vivre-ensemble, pour clore le congrès sur la religiosité populaire. Face à la foule, François a exhorté la Corse à poursuivre son travail de conciliation entre ce qui relève du confessionnel et ce qui n’en relève pas. “C’est dans cet entrelacement, sans confusions, que se noue le constant dialogue entre le monde religieux et le monde laïc. Sur ce sujet, vous êtes en route depuis longtemps et vous êtes un exemple vertueux en Europe. Continuez sur cette voie !” Le souverain pontife a appelé à une laïcité “évolutive et dynamique”. Un appel d’autant plus important en Méditerranée où les confessions se côtoient, parfois pour le pire.

C’est dans cet entrelacement, sans confusions, que se noue le constant dialogue entre le monde religieux et le monde laïc. Sur ce sujet, vous êtes en route depuis longtemps et vous êtes un exemple vertueux en Europe. Continuez sur cette voie !

Le père Frédéric Constant redit lui aussi l’appel du Pape. Pour le vicaire général, la Corse a trouvé un équilibre rare qui fonctionne. “La Corse n’est pas la perfection, mais le contexte méditerranéen peut aussi un peu dilater le cœur de l'Hexagone. Le vivre ensemble, c'est main dans la main, avec la diversité des confessions, dans une règle qui est la loi, et de pouvoir avancer ensemble pour nourrir le cœur de l'humanité.” Après le voyage du Pape, la Corse vient de passer du statut de périphérie à celui de modèle à suivre.