Pape François, 12 ans de pontificat aux périphéries

Le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio apparaissait pour la première fois au balcon de la basilique Saint-Pierre. Il n’avait pas fallu plus de 48 heures pour que les cardinaux laissent s’échapper la fumée blanche de la Chapelle Sixtine. Douze ans plus tard, c’est dans sa chambre d'hôpital que le pape célèbre l’anniversaire de son élection. Comme à son premier jour, François appelle le monde à prier pour lui et des fidèles du monde entier s’unissent pour le soutenir.

Un pape affaibli

Partout dans le monde, les initiatives de prière se multiplient pour le pape, hospitalisé depuis le 14 février pour une double pneumonie. Chaque soir, des chapelets sont récités sur la place Saint-Pierre, témoignant de l’attachement profond des fidèles. Ils n'oublient pas l’appel constant de François à prier pour lui.

"Je vous accompagne d’ici", a indiqué le Saint Père depuis sa chambre de l’hôpital romain Gemelli. Les interrogations se multiplient autour de la santé du pontife de 88 ans. L'inquiétude a gagné certains catholiques qui se demandent quand le pape rentrera dans ses quartiers. Et s'il sera capable de poursuivre sa mission.

Si le pape n'est plus dans un état "critique", l'évêque de Rome bénéficie toujours d'une assistance respiratoire, de jour comme de nuit. Cette quatrième hospitalisation est la plus longue depuis son élection. Elle met un coup de frein au rythme effréné que s'était jusqu'ici imposé le jésuite argentin en dépit des avertissements de son entourage.

Une suite de pontificat incertaine

La suite du pontificat reste une interrogation pour le Vatican. D’aucun spécule sur sa renonciation. C'est une question qui lui a souvent été posée ces dernières années. Le pape François a toujours répondu sans tabou, comme lors d'une interview en février 2023 où le souverain pontife avait déclaré qu’il pourrait renoncer "en cas de fatigue qui ne (lui) permettrait plus d'avoir un regard lucide sur les choses, (un) manque de clairvoyance, de discernement".

La récente convocation par François d'un consistoire à pu laisser croire qu’il allait prendre cette décision. En effet, c’est lors d’un consistoire que son prédécesseur Benoît XVI avait choisi d’annoncer sa renonciation, à la surprise générale. Or, François lui-même a pris ses distances avec cette hypothèse ces dernières années, estimant qu'elle ne devait pas devenir "une mode".

Pendant son hospitalisation, François poursuit certaines de ses activités professionnelles. S’il ne célèbre plus de messe en public, il continue de signer des documents ou recevoir ses proches collaborateurs. Et de se pencher sur les enjeux qui travaillent l’Église contemporaine.

Réformateur engagé

Qui poursuivra les chantiers lancés par François s’il lâchait à présent sa mission ? Le jésuite a engagé quantité de réformes au sein de l’Église qui ne font pas l’unanimité, y compris au sein de la Curie romaine. Depuis 12 ans, François tente d’apposer sa patte de pasteur proche des pauvres, allant aux périphéries et poursuivant la vocation des chrétiens : annoncer le Christ et le servir auprès des plus petits.

Parmi ses chevaux de bataille, le pape met l’accent sur le soin des relations humaines à commencer par les exclus et les migrants, dans Fratelli Tutti, ou encore la protection de la Création dans Laudato Si. Une politique décapante qui a fait du remous au Vatican, mais qu’il n’a cessé de mener, au risque de se mettre à dos certains prélats plus traditionnels.

Les réformes imposées par Jorge Mario Bergoglio ont modifié en profondeur la vie de l'Eglise. Au bout de 12 ans, l’évêque de Rome s’arrêterait-il là ?

Du pain sur la planche

Reste des sujets sensibles à discerner, tels que la place des femmes et des laïcs dans l’Église, la décentralisation du pouvoir de Rome, ou encore l’accueil des divorcés remariés ou des personnes de communautés non hétérosexuelles. Des questions loin de faire l'unanimité dans les églises du monde. 

Cependant, le pape aspire à ne pas les écarter, et veut les mettre à portée de tous. Lors du Synode sur la synodalité, un processus de consultation inédit a été mis en place, proposant à tous — religieux, laïcs, femmes et hommes de toutes catégories — de faire remonter leurs idées trouvées collectivement via les diocèses.

François semble déterminé à en voir les fruits.