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Le pape François se rend au Soudan du Sud pour envoyer un message fort

Un article rédigé par Pauline de Torsiac, Odile Riffaud - RCF, le 2 février 2023 - Modifié le 3 février 2023
L'actu chrétienneLe pape en pèlerinage oecuménique au Soudan Sud

Après la République démocratique du Congo, où le pape François est arrivé le 31 janvier, c’est le Soudan du Sud qui s’apprête à accueillir le souverain pontife ce vendredi. Ce pays majoritairement chrétien est en proie aux rivalités ethniques et aux guerres civiles. Le chef de l'Église catholique, accompagné d'un leader anglican et d'un responsable presbytérien, entend envoyer un message fort en faveur de la paix.

Le pape François accueilli à Kinshasa, le 31/01/2023 ©Vatican MediaLe pape François accueilli à Kinshasa, le 31/01/2023 ©Vatican Media

Le sang continue de couler au Soudan du Sud, devenu un État indépendant en 2011 au terme d’un conflit meurtrier. Depuis 2013, le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar s’affrontent. Sur fond ethnique, ces deux chrétiens, l’un catholique l’autre protestant, ont déclenché un conflit dans lequel 380.000 personnes ont été tuées et quatre millions déplacées. C’est donc dans ce contexte de violences que le pape François arrive au Soudan du Sud.

 

Le pape François accompagné d'un chef anglican et d'un responsable presbytérien

 

Pour son 40e voyage apostolique, le pape François est accompagné de l'anglican Justin Welby, l’archevêque de Cantorbéry, et Iain Greenshields, le modérateur de l'Église presbytérienne d'Écosse. "Le fait que le pape, l’archevêque et le modérateur viennent ensemble c’est un symbole de possibilité de réconciliation", selon Isabelle Hamley aumônier de Justin Welby, l’archevêque de Cantorbéry. "C’est vraiment un symbole d’espoir, je pense pour le pays, un symbole qui dit : l’histoire n’a pas besoin de nous diviser de cette façon-là."

 

C’est la première mission conjointe de chefs religieux chrétiens en faveur de la paix dans ce pays où plus de 60% de la population est chrétienne - il y a autant de catholiques, que d’anglicans et de presbytériens. Le Soudan du Sud a beau être un État essentiellement peuplé de chrétiens, il "est plongé dans un mélange de guerres ethniques et de guerres civiles", comme le disait l’historien Jean-Baptiste Noé sur RCF.

 

Une grande veillée de prière pour la paix prévue en plein air

 

Jusqu’à présent, les démarches de la diplomatie vaticane n’ont pas permis de pacifier le pays. En mars 2019 le pape François avait reçu le président sud-soudanais, Salva Kiir au Vatican. Puis, une retraite spirituelle avait été organisée le mois suivant, sur proposition de Justin Welby, pour les cinq membres de la présidence du Soudan du Sud, à la résidence Sainte-Marthe, où loge le pape François.

 

Le pape François, Justin Welby et Iain Greenshields espèrent que les chefs sud-soudanais renouvelleront leurs engagements pris à ce moment-là. Tout comme le pape l'a formulé en RDC : "Que les processus de paix en cours, - que j’encourage de toutes mes forces - soient soutenus dans les faits et que les engagements soient tenus", avait écrit le pape François sur Twitter le 31 janvier, jour de son arrivée en République démocratique du Congo (RDC).

 

 

 

 

Les trois leaders religieux animeront une grande veillée de prière pour la paix en plein air. Ils rencontreront également des représentants d'Églises locales, avec des dirigeants politiques et des victimes de la guerre civile vivant dans un camp de personnes déplacées. 

 

Au Soudan du Sud, l'Église anglicane engagée pour la paix

 

Les Églises locales, comme l’Église anglicane, œuvrent sur le terrain pour la réconciliation du peuple sud-soudanais. "C’est essayer de mettre pression sur le gouvernement pour qu’il encourage la paix", décrit Isabelle Hamley. Mais cela se joue également à l’échelle locale. Par exemple au Soudan du Sud, "il y a une culture de vengeance qui est très, très forte", raconte l’aumônier de Justin Welby. Il y a donc "quelque chose de très important pour les chrétiens d’articuler une spiritualité de compassion, de réconciliation, une spiritualité qui dit qu’on n’a pas forcément besoin de se venger et ça c’est vraiment important pour rompre le cycle de violences".

 

"Les femmes sont souvent les première à voir les signes des conflits qui commencent à monter dans leurs communautés, observe Isabelle Hamley, elles ont un rôle qui est souvent caché et invisible mais vraiment très important pour construire la paix de façon durable." L'archevêque de Cantorbéry est accompagné au Soudan du Sud par son épouse. Caroline Welby est engagée sur le terrain pour soutenir les femmes dans leur rôle en faveur de la paix. "C’est un programme qui est vraiment essaie d’encourager mais aussi d’équiper les femmes à reconnaître les signes de conflits et à agir dans leurs communautés."

 

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