L’accès de leurs enfants à des contenus pornographiques est la crainte de nombreux parents. Où en est ce fléau ? Tour d'horizon du problème avec Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques (AFC).
Ce matin, Clémence est arrivée en larmes au travail : elle vient de découvrir que son ainé de 9 ans regarde du porno sur la tablette qui lui sert de radio-réveil. Il en a fait "profiter" son frère et sa sœur de 8 et 6 ans. Un copain de classe lui avait donné l’adresse d’un site. La consultation pornographique déjà extrêmement répandue parmi les adultes, touche désormais les jeunes et même les enfants, et de manière massive.
Avec la très forte diffusion des smartphones, ce qui était auparavant dans des revues réservées aux adultes est à portée de clic à tout moment. Deux-tiers des 11-14 ans possède un smartphone. Dans une enquête Opinionway récente 62 % des jeunes adultes déclaraient avoir vu leurs premières images porno avant 15 ans.
Deux associations de protection de l’enfance ont récemment attaqué en justice les fournisseurs d’accès à Internet, Orange, Free, SFR etc… au motif que l’accès aux plate formes de pornographie en ligne n’était pas suffisamment verrouillé contre l’accès des mineurs. Le 8 octobre dernier, le Tribunal de Paris a rejeté leur demande.
De notre côté, nous avons saisi la Haute Autorité de Santé pour lui demander de reconnaître l'impact de la pornographie sur les mineurs comme un véritable problème de santé publique. Mais la HAS vient de nous répondre qu’elle refusait de se saisir de cette demande au motif qu’elle manquerait d’éléments scientifiques pour en juger.
Ce n’est pas notre première action et il y en aura d’autres dans ce long processus de prise de conscience. L’éducation affective, relationnelle et sexuelle qui permet de transmettre une vision positive de la sexualité pour grandir en confiance et protéger les jeunes, ainsi que les contrôles parentaux, sont indispensables mais ne suffisent pas.
Nous avons rappelé tout cela lors de notre rendez-vous à l’Elysée de la semaine dernière avec le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron : la volonté politique doit être réaffirmée et des études scientifiques psycho-socio-éducatives doivent être menées pour que le lien entre l’exposition à la pornographie et la violence dans les rapports homme-femme, les troubles psycho-affectifs, les dysfonctionnements sexuels ou la fragilité des couples soient objectivés. Nous avons encore un long chemin devant nous.
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