Bien avant la figure de Jésus, depuis la préhistoire, il existe des prêtres. Des hommes chargés d'établir un lien entre l'humain et le sacré. Comment la figure du prêtre a-t-elle évolué depuis les premières communautés chrétiennes ? Quelles en sont les racines dans les religions polythéistes mais aussi dans le judaïsme ancien ? Pour traiter cette question d'actualité avec recul et analyser une figure aujourd'hui clivante, la revue Le Monde de la Bible publie un dossier sur le thème "Le prêtre, des polythéismes au christianisme" (numéro 232 / mars-avril-mai 2020).
Le prêtre, on en parle beaucoup aujourd'hui. Notamment depuis les révélations d'abus, de cas d'emprise ou d'agressions sexuelles au sein de l'Église, mais aussi depuis que le pape François a dénoncé le cléricalisme, ou encore lors du synode sur l'Amazonie, où il a été question d'ordonner des viri probati, éventuellement mariés.
Dès la préhistoire, nous dit David Hamidovic, "il a été question de la médiation entre les dieux et les hommes". "L'homme, probablement depuis qu'il est homme a cherché à avoir une explication du monde et entrer en communication avec une réalité qu'il soupçonnait comme le dépassant."
Ainsi sur certaines grottes ornées de Lascaux on devine des représentations de chamans, et des fouilles archéologiques de sépultures préhistoriques ont donné des "preuves de la naissance sentiment religieux". Les prêtres de l'Égypte antique, de la Mésopotamie sont en quelque sorte "les héritiers de cette quête de sens".
Toute la difficulté réside dans la question de la sacralité du prêtre. D'ailleurs "le mot sacré ne va pas de soi", pour l'historien. Dans l'Antiquité, le prêtre était "avant tout un fonctionnaire, le fonctionnaire d'un temple où était présent la statue d'un dieu". Et là où était présente la représentation d'un dieu, là était le lieu de sa présence sur terre. Le rôle du prêtre, dans les religions polythéistes antiques, était d'établir un lien entre les cieux et la terre, entre les dieux et les hommes.
Si aujourd'hui, le prêtre est soit porté aux nues soit dénigré, s'il est une figure clivante, c'est qu'il "fait résonner en nous des fibres profondes", analyse Étienne Grieu, prêtre jésuite. Il y a en lui "quelque chose comme un homme du sacré". Il y a "quelque chose de fascinant" chez cet homme "qui a un rapport à Dieu que les autres n'ont pas". C'est sans doute ce côté fascinant qui suscite "une mise en cause assez radicale".
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