L’ancienne base militaire de Grostenquin, en Moselle, accueillera finalement le deuxième rassemblement annuel Vie et Lumière, du 3 au 9 septembre prochain. Quelques mois après les polémiques et tensions autour du premier rassemblement de gens du voyage, la ville de Nevoy et le Loiret n’ont pas souhaité accueillir la deuxième édition. Si l’événement pourra finalement avoir lieu ailleurs, les organisateurs déplorent la stigmatisation dont ils sont victimes.
En mai dernier, 40 000 personnes se sont retrouvées dans le village de Nevoy, à la place des 20 000 prévues lors du rassemblement des gens du voyage. Organisé par l’Association évangélique Vie et Lumière sur leur propre terrain, l’événement a posé souci par ses divers débordements. Des champs privés investis et des coups de fusil tirés en l’air par une personne âgée ont été les éléments perturbateurs principaux.
En réponse à cela, la Première ministre Élisabeth Borne a pris la décision d’un nouveau lieu pour la seconde édition initialement prévue début août. Cette dernière a annoncé, le 24 juillet, que le rassemblement se déroulera sur l’ancienne base militaire de la ville de Grostenquin, en Moselle. Base militaire qui aurait dû servir pour « la dernière fois » en 2017 comme l’avait pourtant promis Édouard Philippe, alors Premier ministre. Ce revirement ne fait pas l’unanimité chez les élus, qui tentent toujours de convaincre le gouvernement de ne pas choisir la Moselle pour cet événement.
Pour ne pas accueillir ces rassemblements, les raisons défendues sont nombreuses. Pour les élus du Loiret et de la Moselle, c’est la capacité d'accueil et la sécurité des gens du voyage qui priment. Avec les fortes chaleurs et la sécheresse des champs, les incendies sont craints. En mai dernier, certains élus et habitants avaient dénoncé « des vols de courant et d'eau » ou encore « énormément de passages ».
Mais pour les concernés, les raisons sont différentes : les familles tsiganes sont stigmatisées. C’est pourquoi les organisateurs ont préféré « lisser les choses en demandant un autre lieu », comme l’explique le pasteur Désiré Vermeersch, membre du conseil d'administration de la mission Vie et Lumière. Une décision prise avec tristesse, sous le poids du traitement médiatique et politique réservé aux gens du voyage. Il affirme : « des promesses ont été faites, mais elles ne sont pas toujours tenues. Des politiques dures et de plus en plus répressives ont été mises en place, qui pèsent encore très lourd sur la tête de toutes les familles tsiganes. Elles ont d'ailleurs été dénoncées par les Défenseurs des droits ».
Ces rassemblements se veulent être un moment de joie et de partage, une occasion pour les familles de se retrouver et de terminer la saison estivale ensemble, assure l’association. Pourtant, les médias s’en saisissent et pour Désiré Vermeersch, c’est « une catastrophe ». Il explique : « les terres sont restées inchangées, elles ont été nettoyées. Il n’y a pas eu de saccage de population, ni de prise d'otage. Mais les conséquences sur nos rassemblements sont graves ».
Pour le pasteur, les questions n’ont pas été posées aux bonnes personnes, et la parole n’a pas été donnée aux familles présentes. « C'est une répression et un racisme sans visage, médiatisés. On devient les boucs émissaires d'une politique qui se replie de plus en plus sur elle-même. »
En ne pouvant exercer leurs rassemblements simplement, les familles tsiganes se sentent de moins en moins concernées par le droit à la culture que la France revendique. « Les couleurs du drapeau français sont les nôtres, nous sommes Français avant toute chose. Pourtant, ce qui est au fronton des mairies liberté, égalité, fraternité, je vous assure que pour les gens du voyage ça devient pratiquement impossible à vivre » conclut Désiré Vermeersch.
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