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Le "scrolling", les risques d’une nouvelle conduite addictive

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 18 septembre 2024 - Modifié le 22 septembre 2024
Pour bien comprendreLe "scrolling", les risques d’une nouvelle conduite addictive

Des vidéos de cuisine, de bricolage, des animaux, des vidéos drôles… le "scrolling" sur les réseaux sociaux est devenu une des activités favorites des jeunes sur leurs téléphones mobiles. Certains y passent plus de 5 heures par jour. Des chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur la pratique du "scrolling" qui pourrait nuire à la santé mentale avec des effets comme la dépression, l'anxiété et même des comportements agressifs. Décryptage de ce phénomène qui peut être assimilé à une addiction avec Catherine Delorme, la président de la fédération addiction.

Un homme scrolle sur son portable ©Justine Bonnery / Hans LucasUn homme scrolle sur son portable ©Justine Bonnery / Hans Lucas

Avec une moyenne de 14 heures passées devant les écrans, le gouvernement australien milite pour interdire l’accès aux réseaux sociaux aux jeunes de 14 à 17 ans. Le phénomène du "scrolling" est particulièrement pointé du doigt.

Le "scrolling" : un générateur de sensations intenses à l'infini

Nous sommes tous victimes de ce phénomène : le "scrolling", ce petit geste du pouce qui permet de passer rapidement d'un sujet à un autre. Selon Catherine Delorme, les jeunes sont particulièrement vulnérables à cette pratique. "L'écran nous attire, d'autant plus quand il est interactif ; le temps semble ne plus exister. Il faut être vigilant quant au temps passé sur les écrans et attentif aux interactions."

L'écran nous attire, d'autant plus quand il est interactif ; le temps semble ne plus exister. Il faut être vigilant quant au temps passé sur les écrans et attentif aux interactions.

Le "scrolling" permet de passer très rapidement d'une séquence à une autre, créant ainsi des sensations intenses, presque infinies. Catherine Delorme met en garde : "Il faut être prudent quant à la gestion du temps. On le voit aussi avec certaines séries sur les plateformes : à peine un épisode terminé, le suivant est déjà disponible. On passe vite d'un contenu à l'autre, toujours à la recherche de plus d'émotions et de sensations."

Le sentiment de manque : un premier pas vers l'addiction

Catherine Delorme évoque le principe de "l'effet flash", un mode de consommation rapide qui provoque une stimulation agréable. "Plus on est accroché, plus ce comportement se renforce, et l'on peut entrer dans une logique de toujours plus", analyse-t-elle. Le "scrolling" stimule les circuits de la récompense dans le cerveau, "ce qui entraîne une recherche constante de plus de plaisir et de gratification." Le risque est de ressentir un manque lorsque le "scrolling" est interrompu.

Plus on est accroché, plus ce comportement se renforce, et l'on peut entrer dans une logique de toujours plus.

Il existe cependant des effets positifs, souligne Catherine Delorme. Les réseaux sociaux permettent d'interagir avec d'autres personnes et constituent des espaces de socialisation. "On échange avec des amis réels ou virtuels, ce qui est un aspect très positif. Cependant, cela peut aussi isoler, surtout si l'on y consacre plus de temps que l'on ne dispose." Le "scrolling" devient une addiction lorsqu'il empêche de réaliser ses tâches quotidiennes.

La solution : l'éducation et la régulation

Le développement et la généralisation des réseaux sociaux, notamment parmi les plus jeunes, nécessitent une éducation et une vigilance face aux risques potentiels. Pour Catherine Delorme, il est crucial de mobiliser des réflexes éducatifs pour encadrer ces pratiques. Mais parfois, le problème vient du contenu lui-même : l'algorithme peut enfermer l'utilisateur dans une bulle de contenus répétitifs. "Cela pose problème lorsque ce que la personne voit sur les réseaux sociaux devient sa seule perspective, sa seule réalité. Cela affecte son esprit critique." La réponse à ces dérives réside dans une meilleure organisation des systèmes de régulation et de blocage lorsque les contenus deviennent trop addictifs, conclut Catherine Delorme.

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