Déjà nommé expert lors de la première phase du synode sur la synodalité d'octobre 2023, l'abbé liégeois Alphonse Borras, ainsi que 2 prêtres théologiens et 3 femmes, viennent d'être nommés consulteurs au secrétariat général du Synode pour la deuxième session de la XVIe assemblée générale ordinaire qui se tiendra du mercredi 2 au dimanche 27 octobre 2024.
Ce samedi 17 février 2024, le pape François a communiqué ses décisions relatives à l'organisation de la deuxième session de la XVIe assemblée générale ordinaire dans le but de poursuivre les travaux du synode sur la Synodalité ayant pour thème: "Pour une Église synodale: communion, participation et mission". Elle aura lieu à Rome du mercredi 2 au dimanche 27 octobre 2024 et sera précédée de deux jours de retraite spirituelle.
Le Pape a écrit : « En particulier, l'écoute réciproque et la dynamique de réciprocité dans la mise au service de la mission du peuple de Dieu, définissent le travail d'assistance de la Curie romaine dans le ministère de l'évêque de Rome, des évêques et du collège épiscopal. Les compétences pastorales qu'elle exerce trouvent leur fin et leur efficacité dans le service de la collégialité épiscopale et de la communion ecclésiale en union avec l'évêque de Rome et sous sa direction». C'est dans ce contexte que s'inscrit la mission du secrétariat général du Synode, qui dépend directement du Souverain pontife et qui «soutient et accompagne le processus synodal établi au cas par cas», en favorisant dans un esprit synodal les relations des évêques et des Églises particulières entre eux et en communion avec l'évêque de Rome. Le Synode, un lieu extraordinaire d'écoute et de rencontre du Seigneur présent au milieu de nous.
Le document "Vers octobre 2024" du secrétariat général du Synode, publié le 11 décembre 2023, soulignait déjà que la prochaine assemblée se concentrerait sur le thème de la participation, en relation avec l'exercice de l'autorité, comme expression de la communion au service de la mission.
Le Pape François a nommé six nouveaux consulteurs au secrétariat général du Synode qui viennent s’ajouter aux dix consulteurs actuels. Ces six consulteurs additionnels sont trois prêtres et trois femmes: deux religieuses et une mère de famille. Les trois prêtres étaient déjà experts lors de la première phase du synode tandis que les trois femmes ne l'étaient pas. A part une femme laïque de 43 ans, les cinq autres ont environ 70 ans. Quatre sur six sont américains du nord ou du sud. Ces trois nouvelles femmes expertes sont caractérisées par leur engagement en faveur de la place de la femme dans l'Eglise. Les points communs dans les expertises des six consulteurs sont, en particulier, l'avenir de la paroisse, le lien avec Vatican II et le diaconat.
Le théologien Alphonse Borras est prêtre, canoniste, vicaire épiscopal du diocèse de Liège (Belgique) et fut vicaire général du diocèse de Liège jusqu’en décembre 2020. Spécialiste de la théologie du diaconat, il fut membre de la Commission théologique préparatoire au Synode, il a enseigné à l’Université catholique de Louvain et à l’Institut d'Etudes Théologiques à Bruxelles. Il a participé à la première phase du Synode en 2023 au titre d’expert. Il est licencié et docteur en théologie, spécialisé en droit pénal de l'Eglise (canonique) pour lequel il a écrit un traité. Sa thèse de doctorat traitait de l'excommunication. Il a beaucoup écrit sur les structures paroissiales et les ministères confiés à des laïcs.
Né au sein d'une famille espagnole de négociants en fruits d'origine espagnole, il parle parfaitement français, espagnol et italien. En effet, après ses candidatures en droit de l'UCLouvain, il a étudié 8 années à Rome pour obtenir une licence et un doctorat en théologie de l'Université pontificale grégorienne.
En tant qu'expert à la première phase du synode, il devait faire rapport des échanges. Il a expliqué à CathoBel en 2023 : “Nous disposions d’une grille en quatre points pour identifier les convergences, les divergences, les questions à approfondir et les pas à accomplir, notre synthèse était ensuite remise aux quatre rédacteurs du document final.” Il avait ajouté : “ce synode est un grand évènement tout à fait inédit dans l’histoire de l’Eglise parce qu’il se célèbre non pas uniquement avec des évêques mais des femmes, des laïcs qui disposent du droit de vote”. Pour Alphonse Borras, c’est une manière de « briser l’entre-soi épiscopal ». “Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’Eglise, les évêques doivent prendre leurs responsabilités, nous ne devons pas tout attendre de Rome !” Il leur revient notamment de faire preuve de créativité dans les ministères mais aussi de se montrer plus transparents.
En conclusion d'un article intitulé "Hommes et femmes en Église" paru en 2014 dans Transversalités, Alphonse Borras écrit : "C’est en fonction de ce long, lent et laborieux travail sur l’imaginaire ecclésial que l’on parviendra petit à petit à dépasser l’androcentrisme patriarcal et surtout à changer les habitus, à savoir non seulement les attitudes, mais les structures de représentations et de pratiques, et donc les fonctionnements sociaux qui déterminent les relations entre les individus. Nous sommes sur la bonne voie. Cette révolution est imparable : les acquis socio-culturels, politiques et ecclésiaux sont irréversibles. Il s’agit néanmoins de (continuer à) faire les apprentissages indispensables pour dépasser la sujétion féminine – même, et surtout sublimée –, accepter sans concession l’égalité des chrétiennes et développer une véritable complémentarité hommes-femmes. « L’heure vient, l’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici ». Quand viendra-t-elle « dans l’Église », cette heure que les Pères du concile Vatican II voyaient déjà arrivée « dans la cité » ? en citant le Message du concile Vatican II aux femmes » du 8 décembre 1965.
Ecoutez dans notre podcast en haut de la page la réaction d'Alphonse Borras interviewé par Armelle Delmelle au lendemain de sa nomination. Il explique qu'il agira comme un consultant au service du secrétariat général du synode.
Professeur de théologie à l'Université Laval (Canada), Gilles Routhier est un prêtre théologien catholique québécois spécialisé dans la théologie systématique et l'ecclésiologie. Il a également contribué à la théologie sacramentelle et à la réflexion sur le catholicisme contemporain. Après avoir soutenu une thèse sur la réception, au diocèse de Québec, de l'enseignement de Vatican II sur le gouvernement ecclésial, ses travaux de recherche ont surtout porté sur le concile Vatican II, son enseignement, son histoire, son herméneutique et sa réception. Dans une interview au site web jesuites.ca, il a dit : "En un sens, il faut chercher à créer des ponts entre l’Église catholique et la modernité. Toutefois, on n’est pas simplement dans la création de ponts, mais on met au défi cette société moderne. On n’essaie pas de la rattraper simplement et d’être à sa remorque, mais positivement nous sommes des acteurs capables de présenter quelque chose d’autre au monde. Et il ne s’agit pas simplement d’en parler, mais d’avoir dans un mode de vie, une proposition de quelque chose qui n’appartient pas simplement à cette société, mais appartenant à la société de Jésus."
Il est intéressant de relever que Gilles Routhier et Alphonse Borras ont rédigé ensemble deux livres sur l'avenir de la paroisse.
"Paroisses et ministère : Métamorphoses du paysage paroissial et avenir de la mission", éditions du Cerf, 2001, 310 p. (ISBN 2-89420-490-6). La paroisse a une histoire riche et diverse, évoluant à travers les siècles et les cultures. Bien qu'ancienne, elle a su se renouveler et s'adapter aux différents contextes. Elle est en constante évolution et entre maintenant dans une nouvelle phase de sa vie. Il est essentiel de ne pas figer la paroisse dans une seule forme historique, car elle a encore des potentialités à explorer. Cet ouvrage aborde sereinement l'avenir de la paroisse en Occident, en reconnaissant sa capacité à se réinventer et à s'adapter aux défis contemporains.
"Les Nouveaux Ministères : Diversité et articulation", Médiaspaul, 2009 171p. (ISBN 978-2-89420-783-3). Aujourd'hui, beaucoup d'Eglises locales appellent et envoient des laïcs en leur confiant un ministère au service de l'Evangile et au nom de l'Eglise. Ces " nouveaux ministères " doivent être considérés comme une chance, non pas pour "faire tourner" l'Eglise, mais pour lui permettre de remplir sa vocation au coeur du monde afin de le porter à son achèvement. Ce petit livre est né d'une connivence entre un théologien et un canoniste, l'un et l'autre intéressés à l'émergence des " nouveaux ministères ". Il propose un ensemble de réflexions sur la pluriministérialité mise en avant par Vatican II et dont nous recueillons déjà les premiers fruits.
Professeur associé de théologie à l'Australian Catholic University, Ormond Rush est prêtre du diocèse de Townsville, en Australie, titulaire d'un doctorat en théologie de l'Université grégorienne de Rome. Il fut été élu président de l'Association catholique de théologie d'Australie pour trois mandats de 2007 à 2010. Spécialiste du concile Vatican II et expert lors de la première session du synode de 2023, le père Rush a proposé une réflexion théologique sur "Le Rapport de Synthèse". Il a ainsi rappelé que Vatican II avait exhorté l'Église à être constamment attentive aux mouvements du Dieu révélateur et sauveur présent et actif dans le cours de l'histoire, en prêtant attention aux "signes des temps" à la lumière de l'Évangile vivant, tout en gardant le regard fixé sur Jésus-Christ.
Professeure de théologie à la Pontificia Universidad Católica del Perú (Pérou), soeur Birgit Weiler, de nationalité allemande, est membre de MMS, Medical Mission Sisters, dont le but est de fournir un meilleur accès aux soins de santé aux personnes défavorisées à travers le monde. Elle travaille comme missionnaire en Amazonie. Elle fut experte lors de la session du Synode des évêques pour l'Amazonie au Vatican en octobre 2019. A ce moment, elle a appelé à un synode spécifiquement dédié au rôle des femmes au sein de l'Église. « L'Église doit franchir consciemment le pas et permettre aux femmes d'occuper des postes de leadership où elles ont les dons, les compétences, les connaissances, et ne pas simplement préférer les hommes aux femmes », a-t-elle déclaré. Lors du chapitre générale de la famille Verunda, elle a plaidé pour le leadership partagé, dont les fondamentaux sont le besoin d’écoute, la participation coresponsable, l’interrelation et le discernement.
Présidente élue de l'Association pour la sociologie de la religion (États-Unis), madame Bruce est mariée et mère. Elle est affiliée au Centre d'études sur la religion et la société de l'Université de Notre Dame. Elle a dirigé des recherches pour la Conférence des évêques catholiques des États-Unis et intervient fréquemment à la télévision, à la radio et dans des podcasts en tant que commentatrice sur la religion et la société. Une étude menée pour "Discerning Deacons" (https://www.calledtocontribute.org) rédigée par Tricia C. Bruce, sociologue à l'Université de Notre Dame, a révélé un vif intérêt pour l'ordination parmi les femmes exerçant un ministère. Bien que certaines répondantes aient indiqué qu'elles préféraient rester laïques, la majorité a déclaré être intéressée à devenir diacres ou du moins souhaiter que cela soit une option.
Professeure de théologie à la Pontifícia Universidade Católica do Rio de Janeiro (Brésil), Maria Clara Bingemer est une théologienne brésilienne connue pour ses contributions dans le domaine de la théologie de la libération, de la spiritualité et de l'éthique. Elle enseigne à l'Université pontificale catholique de Rio de Janeiro (PUC-Rio). La pensée de Maria Clara Bingemer est profondément enracinée dans la théologie de la libération, un mouvement théologique qui émergea en Amérique latine dans les années 1960 et 1970. Sa pensée intègre souvent des éléments de la spiritualité ignatienne, qui met l'accent sur la contemplation, le discernement et le service désintéressé. Lucchetti Bingemer fait partie des fondatrices de la théologie de libération féministe en Amérique latine. Elle soutient que la lutte pour la libération des femmes latino-américaines ne peut être dissociée de la lutte pour la libération des pauvres, et s'efforce notamment d'élaborer une anthropologie féministe-théologique. En 1985, Lucchetti Bingemer a organisé une première rencontre des théologiennes latino-américaines et a également participé en 2008 au 1er congrès germano-latin-américain des théologiennes à Buenos Aires
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