Ils n'étaient pas catholiques mais le Vatican reconnaît comme martyrs les 21 coptes orthodoxes assassinés par Daech en Libye le 15 février 2015. Et pour la première fois, l'Église catholique organise, ce jeudi 15 février, une cérémonie de prière pour honorer leur mémoire. C'est un signe très fort de rapprochement entre les catholiques et les coptes orthodoxes. Une démarche qui correspond à ce que le pape François appelle "l'œcuménisme du sang".
C’est une célébration rare qui doit se tenir ce jeudi 15 février au Vatican. Catholiques et coptes orthodoxes seront côte à côte pour célébrer la mémoire des martyrs coptes de Libye assassinés en 2015 par l’organisation État islamique. 20 Égyptiens et un Ghanéen ont été égorgés sur la plage de Syrte, le 15 février 2015. Neuf ans après, l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe, majoritaire chez les chrétiens d’Égypte, vont les honorer ensemble lors d’une cérémonie présidée par le cardinal Kurt Koch. Offertes par le patriarche d’Alexandrie Tawadros II au pape François, les reliques des martyrs seront exposées à la vénération des fidèles – un don particulièrement précieux quand on sait la vive importance des martyrs dans la foi copte.
C’est un moment marquant pour l’unité des chrétiens et l’amitié entre coptes et catholiques. L’organisation de cette cérémonie doit beaucoup aux liens d’amitié qui unissent Tawadros II et François. Le pape des coptes et le pape des catholiques "sont très proches", confirme Christian Cannuyer au micro de Radio Vatican, "ils ont la même perspective œcuménique".
Le 11 mai dernier, les deux chefs religieux étaient réunis place Saint-Pierre pour une audience générale. Chaque année, ils commémorent la signature de la déclaration du 10 mai 1973, par laquelle Chénouda III et Paul VI ont reconnu que coptes et catholiques confessent le même Dieu.
L’actuel chef des coptes Tawadros II serait l’artisan du rapprochement entre le pape François et Ahmed Al Tayeb, le grand imam d’Al-Azhar, au Caire. Les deux hommes ont signé ensemble il y a cinq ans, le 4 février 2019, le "Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune" ou déclaration d'Abou Dhabi.
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Cette cérémonie en mémoire des 21 martyrs coptes est "un signe des temps" selon Christian Canuyer. "Il s’agit d’une une initiative véritablement prophétique. Ça correspond tout à fait à cette idée de l’œcuménisme du sang qui a été forgée très heureusement par le pape François."
Cela fait plusieurs années que le pape souligne l’importance de "l’œcuménisme du sang". Dans sa vision, il a aussi "l’œcuménisme du pauvre" et "l’œcuménisme de la mission". C’est-à-dire que pour François, les martyrs, tous comme les pauvres et la mission sont trois raisons de se rapprocher entre chrétiens de différentes confessions.
Si parfois l’œcuménisme ressemble à un "dialogue théologique, institutionnel" et nous "déçoit par sa lenteur et par son manque de témérité", relève Christian Cannuyer, l’œcuménisme du sang accélère en quelque sorte le rapprochement entre chrétiens. Il s’agit d’une "communion dans la souffrance et la persécution notamment au Proche-Orient face au fanatisme, que partagent catholiques, protestants et orthodoxes".
Il faudra bien qu’un jour les Églises séparées reconnaissent la sainteté de tous ces témoins de la foi.
Le 11 mai dernier, le pape François avait annoncé que les 21 martyrs coptes seraient inscrits au martyrologe romain, la liste de ceux que l'Église catholique reconnaît comme saints, bienheureux et martyrs. Pour François, les saints et les martyrs sont "des liens de communion entre les Églises".
Le souverain pontife a créé en juillet 2023 la "Commission des nouveaux martyrs - témoins de la foi", au sein du dicastère pour les Causes des saints. Commission chargée de recenser les nouveaux martyrs issus de toutes les confessions chrétiennes. Une initiative jugée "prometteuse" par Christian Cannuyer. "Il faudra bien qu’un jour les Églises séparées reconnaissent la sainteté de tous ces témoins de la foi."
Comme le rappelle l'égyptologue Christian Cannuyer, il existe déjà une forte dévotion par exemple des chrétiens d’Ethiopie - de confession orthodoxe - pour sainte Thérèse de Lisieux. Nombre de catholiques admirent la spiritualité du saint orthodoxe Séraphin de Sarov… Et la Vierge des apparitions de Zeitoun, en Égypte, correspond à "l’image de la Vierge de la rue du Bac apparue à Catherine Labouré"... "Il y a des capillarités de sainteté qui touchent nos Églises malgré les séparations historiques et théologiques qui les opposent."
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