L’impopularité d’Emmanuel Macron inquiète la majorité présidentielle. Le Premier ministre et de nombreux députés Renaissance s’affranchissent d’un soutien présidentiel pour ces législatives. Les critiques visant le président de la République sont désormais décomplexées dans le camp macroniste.
"Emmanuel Macron a tué la majorité présidentielle en décidant de dissoudre l'Assemblée nationale". Le coup ne vient pas des oppositions, mais de l'ex-Premier ministre Édouard Philippe jeudi sur TF1. "Ce n'est pas moi qui suis parti, ce ne sont pas des frondeurs qui l'auraient énervé", a même asséné l’ancien locataire de Matignon. Mercredi, Gabriel Attal s'émancipait d'Emmanuel Macron en appelant les Français à le "choisir" comme Premier ministre aux élections législatives. Le chef de l’Etat l'a nommé il y a cinq mois à Matignon, mais lui a coupé les ailes avec la dissolution.
"Le Premier ministre essaye d'atténuer l'image de l'exécutif. Au fond pour le moment, Gabriel Attal est plus populaire, mieux perçu que le président de la République qui a une image extrêmement clivée" analyse le politologue Bruno Cautrès. Le président n'a plus la cote auprès d’une partie des Français selon l’enquête "Comprendre le vote des Français" réalisée les 6 et 7 juin par Ipsos. Il en ressortait dans les motivations du vote, "une perception très dégradée de l’image du président de la République". 56 % des Français n’apprécient "ni la personnalité ni l’action d’Emmanuel Macron" et 12 % "apprécient son action, mais pas sa personnalité", selon l’institut.
Sur le terrain, les députés du parti Renaissance font majoritairement le choix de ne pas faire campagne avec le visage du président sur leurs tracts et leurs affiches, mais ils réclament le soutien de Gabriel Attal. "Ça en dit très long sur le climat actuel au sein de la majorité et un sentiment parfois de désarroi qui a pu toucher les rangs de la majorité après l’annonce de la dissolution" estime Bruno Cautrès. Le chef de l'État souhaitait abondamment communiquer pendant cette campagne législative, mais il est temporairement mis sur la touche.
"C’est sans doute l'une des dernières cartouches que la majorité peut essayer de jouer pour tenter de redresser la barre, en essayant de gommer l'image de référendum anti-Macron" explique Bruno Cautrès.
Au-delà du scrutin des 30 juin et 7 juillet, c’est peut-être la page du Macronisme qui est en train de se tourner. "Il a décidé de dissoudre. Très bien, on passe à autre chose, et autre chose ça ne peut pas être exactement la même chose qu'avant" avançait jeudi, Édouard Philippe sur TF1. De son côté Gabriel Attal expliquait lui aussi que s’il était renommé à Matignon : "il y aurait une modification, l'exécutif ne fonctionnerait plus comme avant."
"D'une certaine manière, la dissolution a peut-être précipité pour la majorité l’heure des choix. Emmanuel Macron ne pouvant pas se représenter en 2027, pour la majorité, aujourd'hui, il s'agit de commencer à passer le message qu’il y aura une vie après Macron" conclu Bruno Cautrès. Quel que soit le résultat des élections législatives, la problématique de la succession d'Emmanuel Macron pourrait devenir de plus en plus importante dans les rangs de la majorité.
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