Le 30 juin, les Français seront appelés aux urnes pour les élections législatives. Le Rassemblement national étant aux portes du pouvoir, rarement un scrutin n'aura suscité autant de tensions politiques et sociales, y compris parmi les chrétiens. Comment discerner ce qui est juste et qui va dans le sens des valeurs évangéliques ? Le discernement de saint Ignace de Loyola pourrait-il aider les chrétiens ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Véronique Alzieu et Melchior Gormand.
La montée en puissance du Rassemblement National et la création du nouveau Front Populaire laissent présager un avenir compliqué pour la politique française, à quelques jours du premier tour des élections législatives. Mais en tant que chrétien, comment faire un choix cohérent avec les valeurs évangéliques ? La spiritualité de saint Ignace de Loyola et ses exercices spirituels peuvent aider à exercer son discernement.
Fondateur des jésuites et auteur des Exercices spirituels, la vocation d'Ignace de Loyola est d'aider le plus grand nombre à chercher et trouver Dieu en toute chose. Pourtant, la première moitié de sa vie fut d'abord orientée vers une carrière militaire et le désir d'une mort héroïque sur le champ de bataille.
Mais blessé, il est immobilisé chez lui. Pour combattre l'ennuie, il se plonge dans des ouvrages sur la vie de Jésus et des saints. C'est alors qu'il découvert la foi : "Ces lectures ont éveillé des choses en lui. Il a commencé à se questionner sur de nombreux sujets, notamment sur sa volonté en tant qu’humain", explique Bruno Régent, jésuite et accompagnateur spirituel. Après sa conversion, il rédige les Exercices Spirituels, basés sur ses propres expériences : “Les projets, les paroles de chacun, les événements et les idées produisent en chacun de nous des mouvements, plus ou moins durables et profonds, c’est pour cette raison qu’il s’est ouvert à Dieu”, indique Sylvie Robert, religieuse auxiliatrice et professeur de théologie et dogmatique à la Faculté Loyola Paris. C'est ce que l'on appelle les motions intérieures.
Une décision prise avec discernement différera selon chaque individu.
Néanmoins, il ne faut pas oublier la raison même de ce travail de discernement : il ne faut pas faire un travail sur le choix en lui-même, mais bien sur son propre cœur, une idée trop souvent oubliée : "Une décision prise avec discernement différera selon l'individu, car elle se basera sur le cœur de chacun, et non la raison", souligne Bruno Régent.
Aujourd’hui, les exercices spirituels de saint Ignace sur le discernement aident à prendre des décisions, à poser des choix parfois complexes, à l'écoute de son for intérieur. Grâce à un travail d’écoute de soi, seul ou avec l’aide d’un accompagnateur, on peut démêler un problème et sentir l'option qui s’accorde au mieux avec son désir profond : “En tant qu'accompagnateur, je me dois d’écouter les personnes qui me sollicitent et les épauler dans leur travail sur elles-mêmes. Je porte attention à la matérialité de leurs mots, à leur expression corporelle, mais je ne projette pas ma volonté sur elles, mon travail est avant tout d’écouter”, témoigne Bruno Régent. Une volonté d’écoute qui peut impacter durablement la personne : “Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui ont changé leur perspective de la vie après un accompagnement ", ajoute-t-il.
Aucune décision n’est vraiment pure. Le choix revient à la volonté de chacun, après un travail d'écoute de Dieu dans son cœur.
Le discernement ignacien s’applique-t-il dans la vie de tous les jours ? “Bien sûr que oui !", répond l’accompagnateur spirituel : “Par exemple, si vous avez reçu une offre d’emploi mais que vous devez quitter votre entreprise, le discernement vous permettra de faire un travail sur vous-même pour comprendre quelle décision est la meilleure pour vous”, explique Bruno Régent. “Malgré tout, il faut savoir qu’aucune décision n’est vraiment pure : elles auront toujours des inconvénients, mais le choix revient à la volonté de chacun, après un travail sur notre cœur”, ajoute le jésuite.
Il est aussi possible qu’à la fin de ce travail sur soi, l'option qui se détache soit très différente de celle escomptée : “Parfois, ce travail fera remonter une solution au problème : au lieu de quitter l’entreprise, peut-être faut-il changer sa façon de vivre et de travailler avec les collègues pour rendre l’espace de travail plus agréable pour tous”, précise l'accompagnateur spirituel.
Malgré l’importance de la place de Dieu dans cette recherche de réponses, il faut savoir que tout n’est pas écrit : “Il n’y a pas de règles absolues, l’Évangile n’est pas un livre de recettes, mais c’est en lisant et en s’imprégnant de la lecture que l’on comprend ce que Dieu veut de nous”, explique Sylvie Robert. Cependant celui-ci n’occupe pas une place aussi importante qu’il ne porte à croire dans la prise de décision, d’après Bruno Régent : “Dieu nous fait confiance, après tout, il n’y a pas un choix qui est celui de Dieu et un autre auquel il est opposé : tous les choix se tiennent, mais Dieu sait que nous prendrons la bonne décision”.
Dieu nous dit "Que ta volonté soit faite, va dans ton cœur et adhère à la volonté que tu y trouveras" car nous, en tant qu’humain, avons un devenir libre.
Mais Dieu a-t-il une volonté, et attend-il quelque chose de la part de chacun de nous ? “Il s’agit là d’une idée qui effraie notamment les jeunes croyants qui pensent que chacune de nos décisions est choisie avant nous par Dieu lui-même, mais la vérité est simple : on reçoit nos décisions de Dieu”, souligne Sylvie Robert. Une affirmation qui va dans le sens de ce que pense Bruno Régent sur ce sujet : "J’aime à penser que la phrase 'Que ta volonté soit faite' soit aussi dirigée vers les croyants. Dieu nous dit 'Que ta volonté soit faite, va dans ton cœur et adhère à la volonté que tu y trouveras' car nous, en tant qu’humain, avons un devenir libre".
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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