C’est un thème important pour l’extrême droite : l’immigration. En vue des législatives anticipées, le RN promet une nouvelle loi d’urgence tandis que la gauche veut “garantir un accueil digne”. Le clivage est donc profond entre les programmes.
“Ce n’est pas l’un des enjeux les plus importants dans les sondages, mais à l’inverse de l’écologie, c’est un enjeu qui suscite beaucoup de mobilisation de la part des électeurs” expliquait le politologue Simon Persico à l’occasion des élections européennes.
Avant le scrutin du 9 juin, l’immigration arrivait seulement en 7e position en termes de préoccupation pour les Européens selon l'Eurobaromètre. Même chose à l’échelle française. Néanmoins, pour les Européennes comme pour les législatives anticipées, l’immigration occupe une place importante dans certains programmes.
Le Nouveau Front populaire entend d’abord abroger la loi immigration adoptée cet hiver au Parlement. Il envisage également de garantir le droit du sol intégral pour les enfants nés en France ou encore créer "un statut de déplacé climatique". Selon le rassemblement de partis de gauche, la priorité est de régulariser les travailleurs, les étudiants et les parents d'enfants scolarisés.
À l’échelle européenne, le NFP veut pousser à une révision du pacte asile et migration adopté en forceps au printemps dernier. Il veut aussi “mettre en place une agence de sauvetage en mer et sur terre, dans l’attente de sa création au niveau européen et en appui de l’agence de l’Union européenne pour l’asile”.
Le Rassemblement national découpe sa politique migratoire en deux temps. À l'inverse de la gauche, il veut en urgence une nouvelle loi immigration pour durcir celle du gouvernement. Ce nouveau texte arriverait sur la table dès cette année si le RN prend le pouvoir. La mesure phare est notamment la suppression du droit du sol. Néanmoins, plusieurs constitutionnalistes estiment que cette mesure pourrait s’avérer difficile à mettre en place. Le Conseil constitutionnel pourrait en effet estimer que le droit du sol est un principe fondamental.
Parmi les mesures aussi envisagées par Jordan Bardella “l’augmentation du délai de rétention dans les centres de rétention administrative, au maximum de ce qu’autorise l’Union européenne”.
L’extrême droite veut également transformer l’Aide Médicale d’Etat par une Aide d’Urgence Vitale afin d’en réduire la portée. Ce point avait déjà suscité un vif débat lors de la discussion du projet de loi immigration à l’Assemblée nationale fin 2023. En outre, le RN entend durcir les critères du regroupement familial et remettre en place un délit de séjour irrégulier avec une amende.
Dans un second temps, le Rassemblement national parle d’un “devoir de protection”. Il veut totalement externaliser les dépôts de demandes d’asile afin qu’ils ne se fassent plus en France, mais dans les ambassades et les consulats. À l’échelle européenne, le parti entend “ouvrir des négociations avec [ses] partenaires pour réserver la libre-circulation Schengen aux seuls ressortissants européens”.
L’extrême droite n’exclut pas non plus de toucher à la Constitution. Notamment pour imposer la fameuse “priorité nationale”. “Pour la mettre en place, nous aurons besoin de la présidence de la République française, parce qu’il faudra engager une révision constitutionnelle et elle se fera par référendum” a indiqué Jordan Bardella sur France 2. Néanmoins, comme pour le droit du sol, il pourrait se heurter à des difficultés constitutionnelles. “Pour les mesures comme la préférence nationale, le durcissement du regroupement familial, le RN va se heurter à des difficultés d'ordre juridique, constitutionnel et conventionnel” indique le constitutionnaliste Benjamin Morel au journal Les Échos.
Après le séisme créé dans sa propre majorité par la loi immigration, l’ancienne majorité présidentielle se montre plus discrète sur la question. Ensemble pour la République aborde la question migratoire sous le prisme des valeurs de la république. En trois points, la liste précise son programme : accueillir des travailleurs qualifiés, expulser les délinquants et les radicalisés étrangers et ouvrir des centres de rétention de migrants en dehors des frontières européennes. Des mesures susceptibles de plaire aux électeurs RN.
Face à "l'inquiétude existentielle et au sentiment de dépossession", "nous devons d'abord de manière implacable continuer d'agir pour plus de sécurité, plus de fermeté, mettre en œuvre les lois qui ont été votées, comme nos textes européens, pour réduire l'immigration illégale", a affirmé Emmanuel Macron, mercredi 12 juin, lors de sa conférence de presse.
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