À la grande surprise de tous, le Rassemblement national n'est pas parvenu à se hisser à la première place de ces élections législatives. Si les reports de voix du front républicain ont contribué à battre le RN, Marine Lepen a tout de même affirmé que " Le Rassemblement national est le premier parti politique de France". Interrogés par Pierre-Hugues Dubois à l'occasion de la matinale RCF, Clotilde Brossollet et Stéphane Vernet décryptent les résultats ce lundi 8 juillet.
Le Rassemblement national est-il réellement le premier parti de France en terme de suffrages exprimés ? La France sera-t-elle gouvernable au lendemain d'une nouvelle configuration politique à trois blocs ? Faute de majorité absolue, l'éventualité d'un "gouvernement technique" demeure plausible, tout comme celle d'une coalition centriste avec d'autres forces politiques. Clotilde Brossollet, auteure de "Catholiques de tous les partis, engagez-vous !" et Stéphane Vernet, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, analysent les résultats de ces législatives anticipées.
Personne ne s'attendait à ce que le Nouveau Front populaire soit en tête. Pour le RN, arrivé à la troisième place du podium, Jordan Bardella affirme que le nombre de députés de son parti a doublé depuis 2022. Pour Stéphane Vernet, "Il y avait 89 députés élus en 2022. Ils seraient 145 aujourd'hui. Vous multipliez par deux, ça ne fait pas 145. Il y a un recul très fort par rapport à ce qui était annoncé pour le RN. il faut quand même garder en tête que le Rassemblement national reste en position de force, les autres formations politiques sont des blocs composites. Des coalitions de partis. Le RN, c'est un seul bloc, donc la première force politique de ce pays car c'est celui qui a eu le plus de voix sur son nom propre."
Après le premier tour des législatives, le RN, fort de plus de 10 millions de voix, était pressenti vainqueur. Ce parti, qui détient le plus grand nombre de députés à l'Assemblée nationale à lui seul, pourrait selon Stéphane Vernet, capitaliser sur une situation de blocage pour prendre le pouvoir en 2027 si les attentes des Français ne sont pas satisfaites. "La responsabilité du futur gouvernement est donc immense", précise-t-il.
Jean-Luc Mélenchon joue un rôle clé dans la nouvelle alliance de gauche, mais celle-ci dépend fortement d'autres partenaires pour gouverner. Europe Écologie Les Verts pourrait être réticent à rejoindre un même gouvernement. La coalition du Nouveau Front populaire, bien que criant victoire, n'est pas un bloc uni, comment gouverner dans ces conditions ?
Selon Clotilde Brossollet, "le Nouveau Front populaire peut se fissurer plus vite que prévu. La gauche est très douée pour s'allier, mais pour gouverner ensemble, c'est souvent plus difficile."
"Puis la majorité est très relative. Le vrai vainqueur d'hier c'est la démocratie. Le taux de participation est phénoménal, on n'avait pas eu ça depuis 1997. Les Français se sont exprimés très clairement hier, pour dire non au Rassemblement national mais le choix s'est fait par défaut. Ils n'ont pas dit pour autant qu'ils voulaient du Nouveau Front populaire au pouvoir." réplique Stéphane Vernet.
Les Français ont largement utilisé leur vote comme un barrage contre le Rassemblement national, bien que le parti conserve une base solide avec plus de 10 millions de voix. Clotilde Brossollet et Stéphane Vernet reviennent sur l'élection d'Emmanuel Macron en 2022 pour souligner les similitudes avec les mécanismes exprimés lors des résultats d'hier soir aux urnes.
"Emmanuel Macron a été très mal élu en 2022. Si la nouvelle alliance de gauche est en tête, ce n'est pas par les mécanismes institutionnels, mais c'est bien par les mécanismes de survie des partis avec toute cette série de désistements. Les partis politiques usent de toutes les ficelles de la démocratie pour pouvoir maintenir leur propre survie." poursuit Clotilde Brossollet.
Les grandes agglomérations ont largement voté pour le Nouveau Front populaire, tandis que les régions prospères penchent vers la diversité politique de droite et du centre. En revanche, le Rassemblement national a reçu un soutien notable dans les territoires perçus comme négligés ou abandonnés, comme dans l'Ouest, le Grand Est, les Hauts-de-France et le Sud-Est.
"Je ne pense pas qu'il y ait un tiers de la France qui soit raciste. Il y a quand même un tiers des électeurs de ce pays qui expriment une angoisse, un mal-être, qui ont des demandes. Si ces personnes ne sont pas écoutées, le RN pourra gagner aux municipales de 2026 et en 2027 nous aurons Marine Lepen", alerte Stéphane Vernet.
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