Des jeux de ballon dans la forêt à la mairie de Poitiers, le gap n'est pas si grand qu'on croit. Léonore Moncond'huy se dit redevable au scoutisme, qui l'a occupée une grande partie de sa jeunesse.
La déferlante avait surpris. A l'issue des élections municipales de 2020, nombre de villes grandes et moyennes étaient subitement passées aux mains des écologistes. Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Tours, la victoire fut totale pour Europe Ecologie-Les Verts (EELV). A Poitiers, Léonore Moncond'huy contribua au raz-de-marée. Trente ans à peine à l'époque, la jeune femme accéda à l'hôtel de ville avec, en tête, un programme bien ficelé. "Mon premier engagement était l'éducation populaire puisque, dès l'âge de onze ans, j'ai eu la chance d'être dans un mouvement de scoutisme, les Eclaireuses et Eclaireurs unionistes de France (scouts protestants, ndlr). J'y ai ensuite pris des responsabilités à l'âge de dix-huit ans", glisse la maire écologiste, qui témoigne sa gratitude au scoutisme de sa jeunesse. "La pédagogie scoute, de même que de nombreuses pédagogies d'éducation populaire, permet de vivre dans la nature dès le plus jeune âge, d'en expérimenter les rythmes, d'apprendre à la respecter. On doit laisser un endroit aussi propre que lorsqu'on y est arrivé, c'est un principe fondamental".
Mon premier engagement était l'éducation populaire puisque, dès l'âge de onze ans, j'ai eu la chance d'être dans un mouvement de scoutisme
Au-delà du contact avec la nature, le scoutisme est selon elle vecteur de valeurs essentielles, telles "l'autonomie, la confiance en soi, la prise de responsabilité très jeune". La pictavienne sait ce qu'elle doit au scoutisme. "Je suis consciente de ce que ça m'a apporté et, pour avoir accompagné énormément d'enfants dans ce cadre, j'ai vu les effets positifs que cela pouvait avoir pour chacun d'entre eux". Sans hésiter, elle affirme que cet engagement précoce a déterminé son aventure politique : "Je ne serais pas là si je n'avais pas bénéficié de ce type de pédagogie étant petite".
On l'a compris, l'éducation populaire est la priorité de Léonore Moncond'huy. C'est sous son impulsion que le dispositif "Ecole dehors" s'est développé à Poitiers. Comme un symbole, la ville a accueilli, entre le 31 mai et le 4 juin, les Rencontres internationales de la classe dehors, le premier colloque international de ce type. "Permettre aux enfants de sortir en plein air pendant les heures de classe, c'est agir pour leur sensibilité écologique, mais cela a aussi énormément de bienfaits en termes de bien-être physique et mental, défend l'édile. On documente beaucoup le syndrome de manque de nature, lié à la déconnexion croissante de nos sociétés contemporaines avec la nature, ses rythmes, la connaissance de la saisonnalité", regrette-t-elle.
On ne protège que ce que l'on aime, et l'on aime que ce qu'on expérimente
Dans l'Académie de Poitiers, 10% des élèves du primaire et du collège bénéficient à ce jour de l'école en plein air. Une ou deux demi-journées par semaine, quelle que soit la météo, les enfants déménagent leurs affaires à l'extérieur. "Pour être pleinement acteur face aux enjeux écologiques, il faut expérimenter la vie dans la nature", assure l'ancienne scoute, convaincue qu'"on ne protège que ce que l'on aime, et l'on aime que ce qu'on expérimente".
Dans l'esprit de la maire, l'éducation populaire dépasse amplement le simple cadre de l'enseignement. Le prisme de l'éducation par le loisir et l'émancipation s'est un peu perdu, à l'entendre : "Il est urgent de les réhabiliter aujourd'hui". Premier chantier lancé après son élection en 2020, le plan "Vacances pour toutes et tous" permet aux enfants et leurs familles de partir à des tarifs accessibles, par le biais d'associations subventionnées par la mairie. "En 2023, 12 500 personnes auront bénéficié des Vacances pour tous à Poitiers, qui connaissent donc un vrai succès à l'échelle de la ville", se réjouit Léonore Moncond'huy. Si le dispositif permet d'aider les plus précaires, l'objectif est in fine de "faire partir ensemble des enfants de différents quartiers, de différents milieux sociaux. Ils créent ainsi des expérience communes, et cela contribue à la cohésion sociale".
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