Le débat sur la réforme controversée des retraites au Palais Bourbon s’annonce musclé. Plus de 41.000 amendements ont été déposés. L'examen en séance publique débute lundi 17 février. Parmi les professions qui s’estiment lésées par cette réforme, les avocats.
Robes noires jetées à terre, tribunaux bloqués, audiences renvoyées : les avocats protestent depuis plus de six semaines contre une réforme qui menace, selon eux, leur profession. Avec la mise en place du régime universel du système des retraites, les avocats craignent une remise en cause de leur régime autonome et crient à l’injustice. D'autant plus que leur régime de retraite s'appuie sur une caisse, qui s'autofinance : la caisse nationale des barreaux français. Dans les faits, une caisse des retraites qui ne coûte rien au contribuable, et qui est excédentaire.
Les réserves de cette caisse s'élèvent actuellement à deux milliards d'euros. Le Conseil national des barreaux affirme reverser chaque année 100 millions d'euros au régime général, pour combler certains régimes déficitaires. Cette caisse, excédentaire, "fonctionne donc parfaitement" et "ne coûte rien à l'Etat". C’est ce que rappelle sur RCF Sébastien Grolleau, le bâtonnier de la Charente.
Avec la réforme, le montant des cotisations-retraite des avocats doit doubler, passant de 14 à 28%. Le Conseil national des barreaux, qui représente les 70.000 avocats du pays, craint que de nombreux cabinets mettent la clé sous la porte. Ce doublement des cotisations ne serait pas supportable pour 40% de la profession qui gagne moins de 40.000 euros par an. C'est ce qu'explique Hélène Fontaine, la présidente de la conférence des bâtonniers.
Si quelques barreaux ont mis fin au mouvement, la plupart ont reconduit la mobilisation. La grève est massivement suivie par la quasi-totalité des 164 barreaux de France. Conséquence: de très nombreux procès sont reportés. Les audiences de comparutions immédiates sont aussi très perturbées, et les retards s'accumulent. Certains magistrats se plaignent de voir la justice et les justiciables pris en otage. Mais pour Céline Parisot, la présidente de l’Union syndicale des magistrats, cette grève met en relief et vient accentuer les difficultés d’un système judiciaire déjà fragile.
Du côté des avocats, on affirme vouloir garder le lien avec les juges, mais ne rien lâcher sur le fond de la contestation. Pour Hélène Fontaine, la présidente de la conférence des bâtonniers, c'est le mot d'ordre actuel. Le Barreau de Paris, qui représente 30.000 avocats, a voté la semaine dernière la "grève totale" jusqu’au 19 février prochain. Quant à la chancellerie, elle s’est refusée depuis le début du mouvement à donner le moindre chiffre sur l’impact de la grève des avocats sur le fonctionnement de la justice.
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